Dans toute campagne électorale, le moteur essentiel est toujours une idéologie particulière qui soutient les débats. Les enjeux sont soulignés en général par les dirigeants des divers partis. Ce qui apparaît aujourd’hui, c’est l’absence de vrais affrontements d’opinion, mais plutôt des oppositions d’individus. Ce vide idéologique est inquiétant et il faudrait essayer de réfléchir à cette absence et de s’interroger s’il est possible d’y remédier.

Une remarque s’impose d’abord : ce problème n’est pas particulier à Israël. Il est universel. De nombreux exemples peuvent le prouver. Un premier exemple est l’Italie. Pour pouvoir gouverner, deux partis totalement opposés – la Ligue du Nord, nationaliste, et le Parti 5 Etoiles – se sont associés pour diriger le gouvernement. Le leader russe, Poutine, n’est appuyé par aucune idéologie. L’Angleterre est divisée entre l’entrée ou la sortie de l’Europe, mais ce n’est pas un problème idéologique. En France, le « macronisme » ne recèle aucun lien avec une idéologie quelconque. Aux Etats-Unis, sait-on qui est de droite, qui est de gauche ? L’idéologie a disparu, et cette disparition interroge notre époque ! Que reste-t-il pour nourrir une réflexion ? Il y a une réponse, et elle est dangereuse pour l’avenir, mais il faut avoir le courage de se mesurer à ce problème, qui s’inscrit dans une dimension éthique.

Quand l’humanité croyait en une divinité éthique, il y avait une référence pour l’humanité. On savait qui implorer, auprès de qui pleurer. Quand le marxiste nourrissait l’espoir d’une société meilleure, on pouvait croire qu’il fallait lutter pour arriver à cette fin. Aujourd’hui, que reste-t-il pour alimenter les efforts de l’individu ? La disparition de toute aspiration à une construction universelle, de toute volonté d’obtenir des résultats, des satisfactions idéologiques, conduit à une impasse morale. 

Le Président brésilien ou le dirigeant chinois sont-ils mus par une idéologie quelconque ? Le seul dénominateur commun est le « nombrilisme », le culte du MOI, dénué de toute référence à un idéal transcendant, qui dépasserait l’instant et élèverait moralement la créature.

Il n’est assurément pas dans notre intention de décourager, ou de mener l’époque actuelle vers une dépression neurasthénique. L’absence de direction risque de mener, cependant, à une dégradation morale définitive de l’espèce humaine. Des affaires d’une gravité exceptionnelle, comme celle qui vient de défrayer les Etats-Unis, se greffent sur une société vidée de toute valeur. La transcendance, on l’a souvent répété, entraîne dans sa disparition toutes les valeurs qui donnent un sens à la condition humaine. Rappelons-nous la décadence de l’empire romain, les débauches d’une société qui avait pensé dominer le monde, et qui avait brûlé le Temple de Jérusalem !! Il n’est pas indifférent de relever un parallèle entre la perte des valeurs morales et l’absence de toute idéologie. L’éthique a ses exigences.

Un affrontement électoral qui est, en définitive, vidé de toute référence à une idéologie significative ne saurait être qu’une impasse, car il n’est pas mû par une valeur éthique. Il est évident qu’une telle analyse est trop idéaliste, mais elle se vérifie dans la réalité quotidienne : l’affrontement actuel, en Israël, entre les diverses formations politiques n’est qu’une lutte pour le pouvoir, et pour écarter certains personnages politiques. Ce n’est pas une idéologie positive, constructive, qui apparaît à l’horizon !

Pour « voir plus clair » dans une époque obscure, il ne faut pas oublier que le peuple d’Israël est chargé d’un message qui dépasse l’actuel, car, situé dans le permanent, il ne saurait s’abîmer dans des considérations banales et superficielles. Au-delà d’une lecture dans le quotidien, sachons qu’une relation qui dépasse les idéologies éphémères maintient le peuple d’Israël dans l’éternel. Une élection ne saurait influencer l’histoire, car il y a une Valeur suprême qui détient, en définitive, au-delà des péripéties de l’instant, les clés du Royaume. Au croyant d’être fidèle à cette idéologie, pour mériter ces clés qui lui assureront la félicité éternelle.