L’ultra-médiatisation que connaît notre société a mis en lumière des faits et des événements qui étaient jusqu’alors reclus dans la pénombre des chambres fermées à double tour. Des portraits de gens que l’on pensait au-delà de tout soupçon sont mis en ligne avec la mention des crimes odieux qu’ils auraient commis. Parfois, il s’agit de gens prétendument honorables ou pieux qui ont extorqué, manipulé ou, pire encore, abusé d’innocentes personnes et qui n’auraient sans doute jamais mis un terme à leurs agissements si la répression judiciaire ou la pression sociale n’avaient été exercées.

Mais l’accablement est à son comble lorsqu’il s’agit d’hommes de foi, des rabbins, censés représenter le bien, le vrai. Et, outre la profanation du Nom divin, cela altère de façon significative la confiance que les gens portent aux véritables dirigeants spirituels de la communauté juive. Ce mal sournois s’immisce telle une gangrène, rongeant les consciences et menant à la perte de repères de gens pourtant intègres.

Néanmoins, les implications sont parfois tellement lourdes de conséquences qu’on a tendance à taire des faits sanglants au nom des lois sur la médisance (dont on ne connaît pas toujours les détails pourtant salutaires) ; d’un autre côté, appuyer sur un bouton s’apparente à pousser le cran de la gâchette d’un revolver visé en direction de la tempe d’un homme… Aujourd’hui, le meurtre se commet en un clic… Espérons ne jamais être confrontés à ce genre de choix.

Cependant, il est indispensable de se protéger et de protéger les siens des travers perfides d’hommes prétendument rabbins s’il s’avère qu’ils ne le sont pas, voire s’il s’avère qu’ils le sont, mais que leurs actes ne sont pas en corrélation avec ce qu’ils sont censés représenter.

Pour commencer, posons-nous la question : pourquoi le judaïsme n’est pas une secte ?

Par souci d’objectivité, nous ne solliciterons pas la Torah pour répondre à cette question mais la philosophie, dont la réponse ici est largement approuvée par la Torah.

Voltaire classe dans son Dictionnaire philosophique comme sectaire toute croyance non acceptée universellement ou non prouvée de façon évidente. Or, la Torah est la seule doctrine à avoir plusieurs démonstrations complètes et détaillées de son authenticité. Pour plus d’approfondissement sur ce sujet, vous pouvez consulter certains des articles que j’ai pu écrire sur Torah-Box.

Mais si la Torah n’est pas une secte, il n’en reste pas moins qu’il existe des rabbins qui se comportent comme des gourous. Fort heureusement, ils ne forment qu’une minorité recluse et pointée du doigt par les grands rabbins de la génération, les authentiques guides spirituels du peuple juif. Toutefois, pour un néophyte, le discernement peut parfois être difficile.

Essayons de définir les grandes lignes qui nous aideront à discerner le gourou d’un Rav.

Comment démasque-t-on un gourou ?

Tout d’abord, il est impératif de savoir que tout homme juif, quelle que soit la longueur de sa barbe ou la fibre de son verbe, est tenu de respecter les quatre tomes du Choul’han ‘Aroukh, le corpus de  la loi juive. Si un homme transgresse volontairement l’une de ces lois, y compris la plus mineure d’entre elles, il perd immédiatement toute autorité rabbinique, si haute soit-elle. Cette règle est valable même si ledit rabbin en question invoque des raisons spirituelles comme une destinée spéciale promise d’une union interdite avec une femme apte à hâter la venue du messie, ou tout autre acte impropre. Il ne faut pas hésiter à faire part de son intuition à d’autres autorités rabbiniques reconnues, car bien souvent, elle s’avère être notre meilleure alliée face à l’inconnu. Dites-vous qu’une chose qui vous paraît grave à de grandes chances de l’être réellement…

Un Rav est avant tout quelqu’un qui respecte scrupuleusement la loi de Moïse, et en réalité on pourrait s’arrêter là, car si tel était vraiment le cas, tout risque de tromperie serait inéluctablement écarté. Ce qui nous amène à une autre finesse en la matière : étudier la Torah est pour nous une garantie de lucidité face aux malfrats en habits de rabbins.

Mais il arrive parfois que l’on se laisse séduire par le gourou aux allures de Rav, au point d’en perdre son discernement et son sens critique. On a ensuite du mal à lui trouver des torts, c’est le cas de certaines communautés qui se sont repliées sur elles-mêmes après que leur rabbin ait tout bonnement déraillé, lui accordant leur soutien après avoir entendu le pire à son sujet. Il nous faut donc débusquer les prémices de ces travers avant même qu’ils ne nous touchent, et nous fassent perdre notre capacité de discernement. À ce moment-là, la tâche nécessite beaucoup de prudence et de maturité, car la limite entre la prudence et la stigmatisation est extrêmement délicate.

Toutefois, des grandes lignes sont communément discernables. 

Un Rav qui déclarerait ou insinuerait être investi de pouvoirs spirituels est quelqu’un de potentiellement dangereux ou déséquilibré du point de vue de la Torah. Il en va de même s’il prétend être capable de guérir des maladies incurables ; ce simple fait doit nous mettre en alerte, a fortiori si son service requiert une rémunération. En effet, la convention juive certifiée par les Sages reconnus de leurs maîtres au fil des générations est unanime : le niveau spirituel général du peuple juif s’est affaibli et nous ne sommes généralement plus des hommes dotés de facultés exceptionnelles. Donc, les super-rabbins sont synonymes de méfiance. Cela n’empêche pas qu’un rabbin pourvu d’une authentique proximité avec le Créateur puisse apporter la bénédiction autour de lui et être entendu par sa prière, mais les miracles bibliques provoqués par un homme sont bel et bien révolus. À l'exception des véritables érudits, qui parviennent grâce à leur Torah à changer le cours des événements de façon à rendre les médecins médusés de leur capacité au point de s'écrier miracle ! Mais ceux-là sont assermentés par les Grands de la génération et connus de l'ensemble du peuple... 

Il en va de même si notre prétendu rabbin dit être le seul à avoir les clefs de la vérité ou de la compréhension de notions telles que le bien et le mal, qu’il se permet de redéfinir et/ou qu’il tient un discours délirant : passez votre chemin.

Aussi, s’il tient un discours de haine viscérale vis-à-vis des autres Juifs insinuant que seuls lui et sa communauté sont dignes de louanges et qu’ils sont les seuls à être dans le vrai, là aussi, passez votre chemin.

S’il vous isole de votre famille sous couvert de religion, même verdict.

La Torah est un chemin agréable et paisible pour ceux qui l’empruntent (Traité Yébamot page 87), ne l’oublions pas !

Dans la tête du gourou

Dans l’idée, le gourou ne respecte pas la liberté de pensée de ses adeptes, il ne prend pas non plus la peine d’expliquer les raisons des cheminements de sa pensée, il impose son dogme et exige que l’on s’y soumette de façon impartiale. Il exerce par son charisme et sa grâce à l’aide de ses proches une pression psychologique sur la personne, visant à altérer sa prise de décision personnelle ainsi que son sens critique. Sa proximité est mise sous condition du respect des règles imposées par la secte et revêt une expérience gratifiante pour les membres sous son contrôle. Il est l’homme à atteindre à tout prix.

L’argent est souvent un moyen d’accéder à plus d’enseignements, tout comme le fait de monter de niveau dans la hiérarchie du clan, il sert à accéder à une plus grande proximité avec le gourou. Le portefeuille est donc un bon indice pour savoir si une personne est dans l’emprise d’une secte ou non. Elle doit se demander lorsqu’elle décide d’aider cette communauté : suis-je contraint de payer pour accéder à plus de Torah ? À ce sujet, la Torah est formelle, elle ne doit pas être enseignée en contrepartie financière, l’enseignement de la Torah est gratuit (Rambam, commentaire sur Avot, chapitre 4).

Attention à ne pas tomber dans la paranoïa: il existe des rabbins qui reçoivent de l'argent pour leur permette de continuer à officier, mais si l'argent est la seule condition d'accéder à leur enseignement, écartez-vous !

L’idée à retenir est que le Rav est un homme droit, bon et bienveillant comme la plupart le sont. Sa mission est de sanctifier le nom de D.ieu par sa conduite ainsi que par son enseignement. Si l’on ressent que c’est la personnalité du Rav qui est mise en avant et non le Saint, béni soit-Il, il devrait y avoir matière à se poser des questions. Mais attention, gare aux conclusions hâtives et irraisonnées… Bon sens et prudence s’imposent ! 

En bref, aucun écrit ne sera assez riche pour couvrir toutes les situations. Cependant, les principes sont clairs : rester rationnel et ouvert, faire confiance à son intuition et ne pas avoir peur de demander autour de soi si les agissements d’un tel sont en adéquation avec la Torah ou non.

Note : Cet article a pour seul but de dénoncer les agissements honteux d’hommes prétendument Rabbins usant de leur pouvoir de persuasion sur des gens aux psychés plus faibles ou mal avertis dans le seul but d’assouvir leur soif de pouvoir ou leurs intérêts cupides. En revanche, cet article ne remet absolument pas en question l’ensemble des érudits reconnus par l’ensemble du peuple d’Israël, ayant reçu l’aval de leur prédécesseur eux-mêmes Grands des générations précédentes.