Il importe, avant tout autre développement, de définir clairement le concept de racisme. Ce terme a une signification péjorative, car il implique une hiérarchie entre les races, et cela signifie donc que certaines races sont supérieures ; d’autres seraient ainsi considérées comme inférieures. Les théories racistes se sont surtout développées au 19ème siècle, en Europe, et ont servi de base au nazisme hitlérien. Puisqu’il y a eu des théoriciens qui ont prétendu que l’exclusivisme de la Torah apparaît – ce qu’à D.ieu ne plaise – comme un racisme, il est essentiel de nier absolument cette calomnie, et de démonter totalement cette accusation.

Au premier rang des tenants de ces calomnies se trouvent les juifs réformés qui prétendent que toute personne peut devenir juif, sans s’inquiéter des réglementations de la Torah. Il est tentant de se laisser séduire par cet argument, totalement inexact ! Est-ce être raciste que d’interdire l’accès à un lieu privé, sans se soumettre à des règlements précis ? Une fois ces règles acceptées, l’accès devient autorisé. Il ne s’agit pas de racisme, mais de conformité à des principes précis. Ces principes acceptés, la porte est ouverte. Ce n’est pas du racisme, car n’importe qui peut, en se soumettant à ces principes, être accepté. Le racisme serait de refuser l’accès en tout cas à un étranger même s’il accepte ces règles. Ainsi, toute personne désireuse de se convertir au judaïsme peut le faire, si elle accepte d’observer la Torah. Le critère absolu est l’observance, et toute autre raison ne saurait être justifiée. Ceci se situe au niveau proprement métaphysique, et exclut clairement toute apparence de racisme.

Dans un autre contexte – politique celui-là – un non-juif peut évidemment être considéré comme israélien non-juif. Prétendre l’existence d’un apartheid, en Israël, ne peut être qu’une calomnie scandaleuse. Cette calomnie a paru il y a quelques mois dans un journal français, mais ceux qui l’ont émise appartiennent au camp de ceux qui n’acceptent pas l’existence, par principe, d’un État juif. Ce sont ceux qui cachent leur antisémitisme – car on n’oserait pas l’être – sous le nom d’antisionisme. 

Ce que l’on voudrait préciser, ici, dans le domaine purement « toranique », c’est ce que signifie l’élection d’Israël, comme peuple lié à la transcendance, au Créateur. Quand nous exprimons, plusieurs fois dans nos prières, l’expression « Qui nous a choisis parmi tous les peuple et nous a donné la Torah » (aussi bien dans la prière quotidienne du matin que lors du « Kiddouch » chaque Chabbath, ou lors des fêtes), cette expression traduit-elle un racisme vis-à-vis des autres nations ? C’est ici que l’on peut répondre à la question posée plus tôt : le « racisme » est une attitude de supériorité négative matérielle vis-à-vis des autres nations. Ce n’est, en aucun cas, l’attitude de la Torah. La Torah est un trésor appartenant au Tout-Puissant, Qui s’identifie avec la Torah, selon l’expression des de nos maîtres : « La Torah et le Saint béni soit-Il forment un tout ». L’identification avec la Source de sainteté est le véritable signe distinctif de la valeur spirituelle. C’est ici le sens de l’élection d’Israël. Il ne s’agit nullement d’une qualité supérieure dans le monde matériel, comme le disaient les Allemands : « Deuschland über alles » (L’Allemagne au-dessus de tout). La particularité d’Israël, loin d’être un racisme, implique une responsabilité cosmique, car elle crée une obligation. Dans le Dérekh Ha-Chem, le Ram’hal écrit : « L’achèvement du devenir de la création est lié aux actions d’Israël. C’est en fonction de la conduite du peuple juif que le Tout-Puissant répand Sa lumière et exercera Son influence, ou bien Se détournera, ce qu’à D.ieu ne plaise, de l’humanité » (2ème portique, Ch. 4, par. 9).

Loin d’être un racisme, la particularité d’Israël implique un rôle cosmique : c’est, sachons-le, le rôle du peuple juif d’être un symbole de spiritualité dans le monde. Il n’est, en aucun cas, question de s’affirmer supérieur, car ce n’est pas là le problème d’Israël. Le roi David l’a écrit : « Les uns se fient aux chars, les autres aux chevaux, mais nous nous relions au Nom de l’Eternel notre D.ieu ; eux plient et tombent, et nous demeurons debout, pleins de forces » (Tehillim 20, 8). Le racisme est une maladie appartenant au monde matériel. La Torah se situe dans un autre versant : celui de la sainteté ! Versant difficile, malaisé, qui n’est pas une supériorité, mais une réalité spirituelle, chargée de responsabilité. Loin d’être un racisme, cela demande un effort constant pour parachever l’œuvre de la création !