La paracha Ki Tetse passe en revue de très nombreuses mitsvot de la Torah, notamment dans les relations interpersonnelles entre les hommes. La lecture de cette paracha nous permet ainsi de mieux saisir l’exigence morale à laquelle notre tradition invite chacun d’entre nous.

Elle nous rappelle également l’importance que la Torah accorde à la parole qui revêt un caractère sacré. Un des versets de la paracha de cette semaine nous dit ainsi « Tu veilleras à accomplir la parole sortie de tes lèvres, scrupuleusement, comme tu en auras fait librement la promesse au Seigneur ton D.Ieu, comme ta bouche l’aura prononcée » (Devarim,  23.24).

Ce commandement est donné notamment dans le cadre de la législation des vœux et des engagements que l’homme prend vis-à-vis de son prochain. De manière générale, il est demandé à l’homme de ne pas faire de vœu, ni jurer ou prononcer de serments car cela l’oblige absolument à accomplir la parole qu’il a prononcée.

Cette législation était nécessaire pour faire échec à la tendance parfois spontanée de l’homme à ne pas prendre au sérieux sa parole, et à penser que les mots, n’ayant aucune consistance matérielle, ne prêtent pas à conséquence. L’homme pourrait ainsi être tenté de parler sans filtre préalable, en énonçant tout ce qui traverse son esprit. La Torah a souhaité faire échec à cette tendance, en donnant du poids aux paroles prononcées par l’homme, et en régulant de manière stricte l’usage qu’il fait de ce merveilleux cadeau divin.

En effet, la parole a été offerte à l’homme le jour de sa création directement par D.ieu. Le texte de la Genèse nous dit que « D. a insufflé dans les narines de l’homme un souffle de vie et il est devenu une âme vivante » (Genèse, 2.7). Le traducteur Onkelos précise « et il est devenu un être parlant ». Le souffle qui sort de la bouche de l’homme lorsqu’il parle est en réalité le souffle divin qui lui donne la vie. Aussi, l’homme a-t-il l’impératif catégorique de respecter ce souffle, de ne pas le souiller par des paroles vulgaires, calomnieuses ou mensongères.

Surveiller sa parole est une école de la maitrise de soi, de ses pulsions et de ses tentations. En effet, l’homme peut recourir à la parole autant qu’il le souhaite, elle est à sa disposition immédiate. Et pourtant, notre tradition lui demande de veiller à n’utiliser sa parole qu’à bon escient, pour faire le bien, respecter les hommes et honorer le Tout Puissant grâce à la prière et à l’étude.

Elle exige également que l’homme s’éloigne du mensonge. Ce dernier a ceci de spécifique qu’il crée un monde fictif, imaginaire en contradiction avec la réalité matérielle dans laquelle l’homme évolue. Les paroles que l’homme prononce ne correspondent pas à ce qu’il pense, à ce qu’il vit. Le mensonge et la duplicité éloigne l’homme de son épanouissement et de l’authenticité de son âme en le faisant vivre dans une double réalité, et en ruinant la confiance que les hommes lui portent.

Mais l’importance de la parole va même au-delà. Comme nous le dit le texte de cette semaine, l’homme est obligé d’accomplir toute « parole sortie de ses lèvres ». En parlant, l’homme crée spirituellement des réalités, de la même manière que lorsque D.Ieu créa le monde et l’homme, Il les créa également par la parole. Aussi lorsque l’homme énonce un vœu, il utilise à nouveau le pouvoir créateur de la parole, et il se crée donc une obligation aussi forte que les 613 commandements de la Torah. Il est éternellement lié par sa parole.

Encourager l’homme à maîtriser sa parole, comme le fait la Torah, c’est l’inviter à ne pas en être l’esclave. En effet, une parole irréfléchie a bien souvent des conséquences insoupçonnées qui emprisonne l’homme et l’enferme dans des cercles de négativité.

Inversement, cultiver une parole porteuse d’espoir, de respect d’autrui, de bienveillance diffuse autour de soi des énergies positives, suscite l’amitié et la confiance la considération. Elles permettent à l’homme de créer les conditions de son bonheur matériel et spirituel.