La Paracha de cette semaine, Ki Tétsé, nous présente de nombreux commandements qui s’imposent à l’homme, aussi bien dans ses relations familiales que dans ses relations avec ses prochains au sein de la société.

La section de cette semaine s’ouvre précisément sur des relations particulières qui peuvent survenir au sein de la cellule familiale, et elle évoque des cas « limites » ou extrêmes où l’homme serait confronté à des situations exceptionnelles.

La Paracha commence par évoquer le cas de la « belle captive » et les conditions dans lesquelles un Ben Israël serait autorisé à l’épouser. Nos Sages nous enseignent que dans des situations de tensions psychologiques extrêmes comme les guerres, les hommes sont confrontés à des pulsions négatives extrêmement fortes (un Yétser Hara), et plutôt que de les nier, la Torah a préféré les reconnaître mais en les encadrant et en créant un contexte juridique susceptible de faire contrepoids à ces tentations.

Toutefois, nos Sages nous mettent en garde implicitement, dans les premiers versets de notre Paracha, contre les risques d’une telle union, et de toute union qui ne répond pas aux conditions de « Kédoucha », de sainteté prescrites par la Torah. Aussi, la Paracha fait suivre le passage de la belle captive de celui de la femme haïe, qui risque d’être le cas de cette femme épousée par un engouement coupable, puis le passage du fils « rebelle et dévoyé » qui risque d’apparaître dans un tel foyer.

La législation de ce fils rebelle et dévoyé est assez exceptionnelle (Deutéronome, chap. 21, verset 18-21) :

« Si un homme a un fils libertin et rebelle, sourd à la voix de son père comme à celle de sa mère, et qui, malgré leurs corrections, persiste à leur désobéir, son père et sa mère se saisiront de lui, le traduiront devant les anciens de sa ville, au tribunal de sa localité, et ils diront aux anciens de la ville : "Notre fils que voici est libertin et rebelle, n'obéit pas à notre voix, s'adonne à la débauche et à l'ivrognerie." Alors, tous les habitants de cette ville le feront mourir à coups de pierres, et tu extirperas ainsi le vice de chez toi. »

Rachi nous précise les raisons qui président à cette législation exceptionnelle :

Et le fils indocile et rebelle est mis à mort à cause de ce qui [ne manquera pas d’arriver] un jour, car la Torah a pénétré au plus profond de sa psychologie : un jour viendra où il dilapidera le patrimoine de son père et, cherchant en vain à assouvir ses passions, il se tiendra à la croisée des chemins et détroussera les passants. La Torah dit : « Qu’il meure innocent plutôt que de mourir coupable ! » (Sanhédrin 70a à 71b)

Nos Sages nous rassurent dans le Talmud : ils nous font remarquer que ce cas est strictement théorique et qu’il ne s’est jamais réellement produit, tant les conditions d’application de ce principe sont nombreuses et rigoureuses.

En revanche, il est susceptible de nous enseigner des leçons fondamentales en matière d’éducation, notamment quant à la responsabilité des parents. En effet, pour pouvoir condamner cet enfant, les juges examinent l’éducation que ses parents lui ont donnée et particulièrement s’ils lui ont toujours parlé d’une seule voix, si leur éducation a toujours été cohérente, et s’ils lui ont donné un parfait exemple.

Dès lors, nous comprenons ce que nos Sages ont voulu nous enseigner : la nécessité d’une unité familiale bien sûr, d’une éducation solide, et l’idée que ce qui se  joue dans l’enfance est déterminant pour l’avenir de la personne.

Seuls les parents qui pensent n’avoir rien à se reprocher peuvent amener leur enfant devant les juges de la ville pour qu’ils examinent le cas posé par cet enfant, mais ils doivent savoir, D.ieu nous en préserve, « qu’un tel rejet de leur responsabilité ne peut avoir d’autre conséquence que "la perte de leur enfant." » (Rav E. Munk)

La Torah, naturellement, n’envisage pas l’application concrète de cette situation extrême, mais elle souhaite éveiller l’esprit de l’homme et sa responsabilité éminente en matière d’éducation. Il est paradoxal de constater que les hommes sont toujours formés aux responsabilités qu’ils exercent, sauf à l’éducation des enfants, comme s’il s’agissait là d’un domaine que l’on pouvait aborder avec son bon sens et sa bonne volonté…

La Torah nous avertit qu’il s’agit d’une responsabilité capitale, non seulement vis-à-vis de ses enfants, mais plus généralement vis-à-vis de la société dans son ensemble.

Malheureusement, l’actualité ne manque pas d’exemples illustrant jusqu’où peuvent descendre des enfants dont les parents ont manqué de vigilance, pour ne pas dire démissionner, et la menace qu’ils représentent, même très jeunes, pour la société.

L’éducation n’est bien sûr pas un exercice simple, elle requiert beaucoup de préparation, de réflexion, de doutes et de scrupules. Naturellement, pour paraphraser le roi David, nous pourrions dire « qu’il n’est pas de parents qui ne fautent pas », et prétendre le contraire est peu rassurant, comme nous l’avons mentionné précédemment.

Pour autant, l’homme doit tendre vers une perfectibilité permanente, il doit chercher à se former sur ces questions, consulter des autorités compétentes, notamment des Rabbanim, lorsqu’il fait face à des difficultés. Bien évidemment, il doit aussi beaucoup prier car l’aide d’Hachem est essentielle en matière d’éducation.

Puissions-nous mériter de recevoir cette aide du Ciel afin de cheminer dans le droit chemin auprès d’Hachem, et voir le peuple Juif déborder d’enfants pieux et heureux, à l’image de cette si belle prophétie d’Isaïe dans notre Haftara (chap. 54, verset 2) :

« Elargis l'emplacement de ta tente, qu'on déploie les tentures de ta demeure, n'y épargne rien ! Allonge tes cordes, fixe solidement tes chevilles ! Car de droite et de gauche tu déborderas, et tes enfants recueilleront l'héritage des nations, peupleront des villes devenues solitaires. »