Néron, ça nous dit à tous quelque chose, même sans avoir choisi le latin comme deuxième langue au bac : la Rome antique, la décadence (ou “décadanse”, comme disait Gainsbourg), un empereur qui joue de la lyre alors que sa capitale brûle, des orgies, beaucoup de crimes, beaucoup de débauche, et au milieu de cela, un matricide.
Lui, le chouchou de sa maman (Agrippine la Jeune), grâce à laquelle il est monté sur le trône, va donner ordre de l’empoisonner lorsqu’elle deviendra encombrante, soupçonnée de comploter contre lui.
Les Césars ne s’encombrent pas de trop de scrupules (scrupulus - petits cailloux pointus en latin) dans leurs sandales.
Le règne de Néron avait pourtant plutôt bien commencé et il se destinait à mettre de l’ordre dans les affaires du royaume.
Mais le pouvoir et l’argent, au service de mœurs dépravées, ramollissent et dévoient le cœur des souverains.
Néron et Néron bis
Mais là où un pavé tombe dans la mare de nos certitudes et nous éclabousse tous, c’est lorsque l’on trouve dans nos textes du Talmud une référence à un haut gradé militaire, qui s’appellerait également Néron, et qui non seulement se serait converti au judaïsme, mais aurait même été l’ancêtre de Rabbi Meïr.
Cet homme, envoyé en mission, se serait rendu sur une colline aux abords de la ville sainte, en promontoire, et aurait tiré des flèches dans tous les points cardinaux : elles se seraient toutes dirigées vers Jérusalem…
Fort de ce signe (les Romains, idolâtres, en étaient friands), il se préparait donc à monter sur Jérusalem, et là, raconte la Guémara, il rencontra un enfant qui lui cita un verset de Yé’hezkel, lui présageant sa fin s’il s’attaquait à la ville juive.
Il n’en fallut pas plus à l'homme pour faire demi-tour ! Il ne voulait pas être celui par qui le malheur et la destruction du Temple arrivent, et il s’en convertira (sic. Guémara Guittin 56 A).
Les débats sont ouverts : seraient-ce là deux Nérons différents portant le même nom ? Ou alors, s'agit-il du même empereur débauché qui aurait fait Téchouva ?
Pas de conclusions claires.
Par contre, ce que l’on sait aujourd’hui, c’est que tous les historiens et biographes de l’Antiquité s’en sont donné à cœur joie pour noircir le portrait de Néron l’empereur à l’envi, chacun pour des raisons et des intérêts différents (comme par exemple pour plaire à son successeur).
On a énormément brodé autour de ce personnage et il semble que les anecdotes people de l’époque (il aurait lui-même brûlé Rome et chanté devant la ville en flammes) seraient pure invention (Le mythe Néron / Laurie Lefebvre).
Nous ne voulons pas réhabiliter un éventuel décadent, mais prudence.
La postérité peut aussi “fabriquer” un monstre de toutes pièces, en combinant des faits réels, des rumeurs à des fins politiques, religieuses, idéologiques.
“Historiens, académiciens, scientifiques, écrivains (même prestigieux) attention ! Dites-moi où penche votre cœur et je vous dirai où penche votre plume.”






