L’été 2015, Angela Merkel, chancelière depuis dix ans, entreprend la plus grande chirurgie esthétique que l’Allemagne ait connue depuis la fin de la guerre, et peut-être de toute son histoire.
Elle annonce le 25 août 2015 qu’elle abolit les accords de Dublin, permettant ainsi à des milliers de réfugiés bloqués aux frontières de la Hongrie dans des conditions précaires, de demander asile à l’Allemagne.
La Deutschland ouvrira donc très largement ses portes à tous ceux qui fuient les bombardements et les persécutions d’une Syrie en pleine guerre civile, alors que les pays européens, aux frontières desquelles les réfugiés syriens s’agglutinent, rechignent à les faire entrer chez eux.

Cette décision provoque un afflux sans précédent de population: près de 1,1 million (!!!) de personnes déposent une demande d’asile en Allemagne en une seule année.
Le slogan « Wir schaffen das » (“Nous pouvons le faire”), lancé par Merkel fin août, devient le symbole de cette politique d’accueil.
Les gares allemandes voient affluer bénévoles et habitants venus accueillir les réfugiés, tandis que l’Europe se déchire sur la question de la répartition des migrants.

 

Ça s’est passé un… 25 août 2015 -  Angela Merkel se paye un lift

Ça s’est passé un… 25 août 2015 -  Angela Merkel se paye un lift

Les premières tensions

Dès 2016, un an seulement après cette gigantesque opération « portes ouvertes », l’enthousiasme initial se heurte aux réalités : l’intégration des réfugiés est plus lente que prévu, des engorgements dans le logement et les services publics apparaissent, et ce au détriment des citoyens allemands eux-mêmes, des incidents sécuritaires ont lieu.
La droite populiste allemande capitalise sur ce climat et progresse rapidement, obtenant 12 % aux élections fédérales de 2017. 

Face à cette montée de l’opposition, Merkel accepte de mettre un frein à la migration et déploie plusieurs mesures restrictives.

Un héritage contesté

Sur la scène internationale, Merkel est saluée par Barack Obama et d’autres dirigeants comme un exemple moral face à la crise humanitaire. 

Mais en Allemagne, les débats sur l’immigration deviennent un thème brulant qui va peser lourd électoralement et précipiter la fin de son mandat.
Merkel aura « réussi » à faire monter rapidement une opposition de droite et d’extrême droite, qui n’attendait que cette erreur pour resurgir.

La présidente va perdre de sa popularité, entre autres à cause des retombées de sa politique migratoire, et, en 2021, rendra les clefs du pouvoir.



Patriote et pragmatique, Angela Merkel souhaitait plus que tout, renforcer l’image d’une Allemagne ouverte, humaniste, et surtout lui redonner sa place de leader de l’Europe, pour faire oublier le lugubre passé de son pays.

Elle y était presque arrivé.

Le lifting aura tenu un ou deux ans, mais très vite, les Allemands qui restent des Allemands, diront aux urnes :“Zuviel ist zuviel! - trop c’est trop!”

Et ce sera paradoxalement la photogénie de ses actions de 2015, largement relayée par les médias, qui fera poindre le crépuscule de son « règne ». 

Ça s’est passé un… 25 août 2015 -  Angela Merkel se paye un lift