En ces pauvres jours du Festival de Cannes, où la grande fête du cinéma se trouve politisée comme jamais, avec un Robert De Niro qui ne parle que de son ressentiment pour l’actuel président des USA (quel rapport avec le ciné ? Pas d’inquiétude, l’acteur va trouver…), et une Binoche vêtue d’un sarouel suggérant l’Orient (de l’Orient, elle aurait d’abord dû apprendre la pudeur, si déjà…) qui rend hommage à une photographe palestinienne tuée avec sa famille dans les échanges de tirs avec l’armée israélienne.

Binoche est dans le coup, du coté des « bons », sans surprise ; la gauche caviar, elle, se délecte et salive (Rima est assise dans la salle), car son égérie de la soirée ne daigne même pas avoir un mot pour l’envers du décor, pour les dizaines d’otages encore détenus par le ‘Hamas, parfois dans des cages, pieds et poings liés par des chaînes de fer ; la mort des Bibas et les massacres du 7 octobre, Binoche en hijab ne les mentionne même pas.

« La photographe Fatima Hassouna devait être parmi nous ce soir », dit-elle, superbement insipide et idiote.

Et toute la salle applaudit. 

Et les 364 jeunes victimes du festival de la Nova au sud d’Israël, assassinés et dont les corps furent dépecés, n'auraient-il pas aussi voulu être parmi nous ce soir ? 

Et les 900 autres martyrs, hommes, femmes et enfants, tués, violés, enlevés en cette terrible journée, à Ofakim, Sdérot, aux Kibboutz de Kfar Azza, Bééri et Nir Oz, n'auraient-ils pas voulu être là, également ? 


Alors me direz-vous, Sophia Aram, l’année passée, dans son discours d’ouverture lors de la soirée des Molières, avait aussi mis l’actualité sur la scène, lorsqu’elle dénonçait le silence « assourdissant » qui fit suite au massacre de 1200 Israéliens le 7 octobre 2023…
Eh bien, non.
Si l’on écoute bien ses propos, d’un courage déconcertant (d’autant plus pour une femme dont la famille est d’origine musulmane), elle demande simplement et sobrement une remise en équilibre des données, sans prendre parti. Parce que la partialité et la mauvaise foi ne font du bien à personne, même dans le monde des arts et de la culture, qui, ma foi, est le sien.

« Et s'il est évident que nous partageons tous ici les appels au cessez-le-feu, comment être solidaires des milliers de civils morts à Gaza sans être aussi solidaires des victimes israéliennes ?
Comment exiger d'Israël un cessez-le-feu sans exiger la libération des otages israéliens ?
Comment réclamer le départ de Netanyahou sans réclamer celui du ‘Hamas ? »
C’est quand même autre chose, de justesse, de nuance et d’objectivité.
Sophia Aram, certains diront « incorrigible naïve », ne conçoit le monde éclairé que comme pensant et honnête.

Miroir Miroir - Initiales B.B.Miroir Miroir - Initiales B.B.

Quelle époque !

Dans un autre genre, ou plutôt exactement dans le même, mais cette fois à la télé, l’ex-roi du talk-show et de la provoc, invité à l’émission de Léa Salamé, se prend de comparer Gaza à Auschwitz, après avoir entendu Dr Raphaël Pitti, également présent sur le plateau, décrire la situation sanitaire à Gaza. 

N’oublions pas de préciser que les chiffres de mortalité que le médecin humaniste avance proviennent du ministère de la Santé de Gaza, administré par le ‘Hamas…
On est tranquille, les sources sont fiables.

Ardisson sort la carte d’Auschwitz, si pratique quand ce sont des Israéliens qu’on expose au bûcher, et s’étonne de « comment des Juifs peuvent faire cela ! ». Il s’indigne, le visage défait, et finit par un affecté : « On pourra pas dire qu’on ne savait pas ». Salamé anticipe sa phrase.
Et personne ne les reprend.

Bien sûr, on n’a pas invité Sophia Aram pour rééquilibrer le débat. Personne n’est là pour expliquer qu’Israël réagit comme n’importe quel pays l’aurait fait après un massacre de plus d’un millier de ses civils, arrachés un petit matin à leur maison et que le ‘Hamas se cache dans les écoles et les hôpitaux, se servant de sa population comme bouclier humain. 

Personne n’est là pour expliquer que Gaza dans sa situation actuelle n’est pas un “camp de la mort créé par Israël et les Juifs” - sempiternelle rhétorique qui soulage un Occident dévoré par sa conscience - mais un camp de concentration entretenu et voulu par le terrorisme islamiste. 

Faire un arrêt sur image là où ça nous arrange, coupant le reste de la bobine, est un procédé cinématographique comme un autre, mais l’utiliser avec malice et scélératesse pour réécrire l’histoire et les événements qui la constituent, est un outrage.


L’affiche de Cannes, cette année, est allée chercher l’image iconique d’un film qui avait remporté la Palme il y a 60 ans, car c’est encore le bon vieux temps du ciné de papy qui reste accrocheur.
La grande chroniqueuse de People américaine, Cindy Adams, l’a dit : depuis Bardot, la France n’a plus rien donné de grand.
Et elle, B.B., le monument sur pellicule, quittant les plateaux de cinéma et de télé à 39 ans, leur claquant la porte au nez pour toujours, est allée trouver sa consolation chez les animaux.
Les seuls qui ne l’aient jamais déçue.
On peut la comprendre.
Initiales B.B : J’ai Bien fait de Battre en retraite… à temps !

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Une « Mamie Nazie » : Ursula Haverbecka