Avec Pessa’h derrière nous et Chavou'ot qui se profile à l’horizon, nous sommes actuellement à la période de la Séfira, le compte du 'Omer. Chaque soir, nous comptons combien de jours se sont écoulés depuis Pessa’h, et par voie de déduction, combien de jours il reste jusqu’à Chavouo't.

Le Ramban dans Vayikra (23:16) se réfère à cette période comme une sorte de ‘Hol Hamo'èd. Explication : cette période relie le jour de fête où nous célébrons la délivrance matérielle des Juifs de l’esclavage égyptien et celui où nous avons reçu la Torah, un moment qui, par essence, a libéré l’âme juive, lui permettant d’accéder à une vie spirituelle et exaltée.

Mais nous considérons surtout la période de la Séfira comme une période de deuil et de tristesse. La Guémara dans Yébamot (62a) relate que jusqu’à aujourd’hui, nous prenons le deuil pour les 24000 élèves de Rabbi Akiva décédés à cette période. La Guémara explique qu’ils sont morts pour ne s’être pas traités avec le respect dû.

Les commentateurs se demandent pourquoi une telle attitude a signé leur mort. Aucune Mitsva de la Torah n’exige de traiter les hommes avec respect. Pourquoi un homme qui aurait manqué de respect méritait-il de mourir ?

Même si on pouvait affirmer que l’obligation de traiter notre prochain avec respect est issue de la Mitsva de la Paracha de cette semaine, Kédochim (19 :18) : « Véahavta Léréékha Kémokha » aimer son prochain comme soi-même, ce n’est toutefois pas une Mitsva fondamentale. Il n’est écrit nulle part dans la Torah qu’un homme n’aimant pas son ami autant que lui-même mérite de mourir pour cette offense.

Nous connaissons tous l’histoire du futur converti qui a demandé à Hillel de résumer la Torah en une phrase. Hillel lui a répondu en ces termes : « Ce que tu ne veux pas qu’on te fasse, ne le fais pas à ton prochain. »

Apparemment, Hillel traduisait les termes « Véahavta Laréékha Kémo’ha » et expliquait à l’homme que cette Mitsva est à la base de la Torah. Traiter les autres de la manière dont vous voulez être traité n’est pas simplement une attitude sympathique ni simplement l’une des 613 Mitsvot. C’est le pilier de toute la Torah. En réalité, Rachi nous rappelle que Rabbi Akiva est l’auteur de ces lignes : Véahavta Laréékha Kémo’ha est l’un des principes fondamentaux de la Torah.

Donc, un homme qui ne prend pas en considération les sentiments des autres est défaillant dans ses connaissances en Torah. La Michna dans Pirké Avot (3 :17) va plus loin et déclare : « Im Ein Dérekh Erets, Ein Torah - sans bonne conduite et savoir-vivre, il ne peut y avoir de Torah. » Un homme incapable de se conduire convenablement ne peut étudier la Torah.

Rabbénou Yona, dans son commentaire sur Pirké Avot, explique que la Torah ne peut convenir à un homme dénué de bonnes Midot (qualités). Rav ‘Haïm Vital pousse cette idée plus loin dans le Chaaré Kédoucha où il déclare que les bonnes Midot sont le siège et la fondation du Néfech Hasi’hlit, l’esprit intellectuel et sans elles, le Néfech ne peut réaliser son obligation de respecter les Mitsvot. Il explique que c’est la raison de l’absence de commandement dans la Torah de se conduire correctement, car l’obligation d’être un Mentsch, un homme droit et intègre, précède les Mitsvot et sans cela, nous ne pouvons respecter aucune des 613 Mitsvot.

Avec ces données, nous pouvons comprendre la Michna du troisième chapitre des Pirké Avot : « Un homme qui trouve grâce aux yeux de l’homme trouve grâce aux yeux de Hachem. » D’après la Michna, il n’est pas question de nous engager dans des activités qui nous rapportent des applaudissements de personnes superficielles et assoiffées de pouvoir qui apprécient la flatterie. L’intention de la Michna est plutôt de nous enseigner que nos propos et nos actions, dans nos relations à autrui, doivent être en conformité avec les lois du Dérekh Erets et des bonnes Midot.

Nous devons traiter chacun avec respect et déférence. Même lorsque nous jugeons nécessaire de réprimander, il faut agir de manière à ne pas laisser penser à des observateurs que la Torah est autre chose qu’une Torah de ‘Hessed, de bonté.

Ce peut être une explication de la Michna dans Pirké Avot (3 :11) selon laquelle un homme ayant embarrassé son prochain n’a pas de part dans le Monde à venir, même s’il a de la Torah et des bonnes actions à son actif.

Nous pouvons peut-être comprendre cette Michna dans un sens allégorique, à savoir que quelqu’un qui manque de la faculté à traiter les autres correctement est défaillant dans sa connaissance de la Torah, dans ce cas, un tel individu finira par commettre des erreurs en Halakha et en Torah. Il s’écartera alors de la voie de la Torah et finira par perdre sa part dans le Monde à Venir.

La semaine dernière, dans la Paracha A’haré Mot, nous lisons le verset qui dit : « Vé’haï Bahem… Et vous vivrez si vous suivez les préceptes de la Torah. » Rachi, dans son commentaire, explique que c’est une référence au Monde à venir.

Si vous suivez les ‘Houkim (lois) et les Michpatim (statuts), vous mériterez d’entrer au Olam Haba, au monde futur. Un homme qui ne se conduit pas correctement démontre par ses actions qu’il présente une lacune au niveau de ses acquisitions en Torah. En conséquence, il perdra sa part dans le Olam Haba, qui est promis à ceux qui se conforment aux Mitsvot.

On se réfère à la Torah comme à un Arbre de vie. Celui qui s’en saisit mérite une vie bien remplie aussi bien dans ce monde-ci que dans le monde à Venir. Mais dans le but de développer la faculté à saisir la Torah et à l’intégrer, nous devons étudier et nous approprier les 48 méthodes d’acquisition de la Torah. La majorité de ces 48 étapes de réalisation portent sur la manière dont nous nous traitons mutuellement. Afin de nous conduire correctement dans notre relation à D.ieu, nous devons d’abord réussir dans nos relations à notre prochain.

Puisque les élèves de Rabbi Akiva ont démontré, par leur conduite personnelle dans leurs relations avec leur prochain, qu’ils étaient défaillants dans les 48 Kiniyanim de la Torah, ils se sont coupés des forces vives de la Torah et n’ont pas mérité de réaliser leur mission dans ce monde au titre d’élèves de Rabbi Akiva, qui enseignait le principe d’aimer son prochain comme soi-même, une règle décisive dans la Torah.

Puisque la plus grande obligation de notre vie consiste à étudier et suivre la Torah, nous commémorons jusqu’à ce jour la tragédie qui a frappé les élèves de Rabbi Akiva, car une partie de leur conduite présentait des lacunes. L’obligation de devenir un peuple d’une intégrité et d’une conduite impeccable est une leçon que nous devons tous prendre à cœur alors que nous traversons les jours du décompte du Omer et tentons de nous montrer dignes de recevoir le cadeau du Sinaï.

De plus, les ouvrages sacrés nous apprennent qu’une partie du corps devient infectée, en raison d’une portion du Néfech qui le soutient qui a été endommagé par la faute et est incapable de le soutenir de manière satisfaisante. En conséquence, la Téchouva, le repentir apporte la guérison, car lorsque la personne se repent, elle retire le vice causé par la faute, qui a porté atteinte à son Néfech, et à ce moment-là, le Néfech et la partie du corps qu’il alimente, peuvent revivre.

Or, explique le Rav ‘Haïm Vital, les élèves de Rabbi Akiva ont été déficients dans les Midot dont le Néfech dépend comme condition préalable pour abriter la Torah, leurs âmes ont été incapables de maintenir leur corps et ils sont donc décédés.

De plus, ces jours de Séfira constituent, par essence, un périple depuis l’exil jusqu’à la Délivrance complète. Afin d’accéder à cette liberté et à l’état que nous désirons tous si fortement, nous devons être prêts à tout moment à entreprendre des actes héroïques. Nous serons parfois contraints de faire ce voyage seuls, nourris uniquement par les valeurs importantes à nos yeux. Les 48 étapes d’acquisition de la Torah sont ce qui confère du sens à notre existence et nous garantissent d’atteindre notre but avec succès.

Celui qui réussit sa migration par le biais de la montée des 48 marches sera libéré de la superficialité et l’insécurité inhérente qui l’accompagne. Il sera béni des Brakhot réservées à ceux qui soutiennent la Torah et trouveront grâce constamment aux yeux de l’homme et de Hachem.

Va’haï Bahem. Un tel individu obtient la ‘Haïm, la vie, dans ce monde et dans le suivant. Nous vivons une époque où le monde vit les convulsions qui conduiront à la Délivrance finale du corps et de l’esprit, apportées par le Machia’h. Nous savons que cette période se caractérise par une ‘Houtspa, une insolence, la propagation de l’effronterie et de l’audace. A plus forte raison devons-nous purifier nos Midot pendant cette période de Séfira afin de mériter une Guéoula (délivrance) spirituelle à Chavouot et la venue du Machia’h.

La période de la Séfira a été marquée, au fil des ans, par des tragédies, et cette année n’a pas fait exception. Le dernier jour de Pessa’h, le Klal Israël a subi une fusillade antisémite tragique en Californie. Tout récemment, des centaines de roquettes ont été lancées depuis la bande de Gaza sur nos frères israéliens, débouchant sur des pertes en vies humaines et des amputations.

Pendant que ces événements se déroulent, un membre du Congrès démocrate a introduit une législation contre « la maltraitance de l’enfant commandée par l’Etat (israélien) et destinée à intimider et terroriser les enfants palestiniens et leurs familles. »

La semaine dernière, Mme Betty Mc Collum, membre du Congrès, a introduit l’acte 2407 sur la promotion des droits pour les enfants palestiniens vivant sous l’occupation israélienne militaire - en vue de modifier une disposition de la loi relative à l’étranger, nommée la Loi Leahvy qui interdit le financement de la détention militaire d’enfants dans tous les pays, y compris Israël, selon un extrait de presse publié sur son site Internet.

« La loi établit le « fonds de suivi des droits de l’homme et des enfants palestiniens victimes de la détention militaire israélienne » autorisant le transfert de 19 millions de dollars par an pour des ONG surveillant les violations des droits de l’homme associées à la détention militaire d’enfants par Israël.

« Ce fonds autorise également des ONG qualifiées à offrir un traitement physique, psychologique et affectif ainsi qu’un soutien aux enfants palestiniens victimes de la détention militaire israélienne, de l’abus et de la torture. »

Il est inconcevable d’imaginer un individu rationnel attaquant Israël qui se défend contre des décennies de terrorisme arabe, mais cette membre du congrès a déclaré : « Le système de détention militaire juvénile est une maltraitance de l’enfant commanditée par l’Etat et destinée à intimider et à terroriser des enfants palestiniens et leurs familles. »

Appelant à la fin du soutien militaire américain de la seule démocratie du Moyen-Orient et dénaturant nettement la situation ici, elle déclare : « Il est inadmissible que les deniers publics américains, sous la forme de l’aide militaire à Israël, soient utilisés pour soutenir ce qui apparaît clairement comme une violation flagrante des droits de l’homme contre des enfants. »

Il est scandaleux qu’une représentante d’un parti majeur déforme les faits, exposant des mensonges antisémites au Congrès sans aucune impunité.

Alors que les Juifs sont de plus en plus visés, en Israël, en Europe et aux Etats-Unis, les Juifs américains doivent revoir leur soutien historique pour le parti démocratique, qui est devenu un foyer pour les ennemis des Juifs, les socialistes et les communistes. L’objet de leur courroux, le Président Trump, s’est avéré comme le plus grand ami du peuple juif à la Maison Blanche, un homme qui a prouvé continuellement qu’il méritait notre appréciation et notre soutien.

Prenons tous la résolution d’éliminer les conflits, d’améliorer notre conduite et de tenter de notre mieux de faire de ce monde un monde meilleur, pour nous et notre future Délivrance.

Rabbi Pinchas Lipschutz / Yated Neeman pour Torah-Box