Trois amis arrivés à New York cherchaient activement un pied-à-terre près de leur lieu de travail. Faute d'avoir trouvé un logement idéal, ils se contentèrent d'un petit appartement situé au soixantième étage d'une tour. Leur seule consolation, l'ascenseur qui leur permettait après une journée de travail épuisante, de rejoindre sans effort leur domicile.

Un jeudi soir, après une semaine éprouvante, les trois colocataires étaient en route pour rentrer chez eux. Arrivés dans le Lobby de l'immeuble, ils aperçurent une pancarte sur la porte de l'ascenseur, indiquant qu'il était en panne.
Dépités à l'idée de devoir gravir soixante étages à pied, ils se regardèrent mutuellement se demandant, comment rendre moins pénible l'ascension qui s'annonçait particulièrement rude.

Après un moment de réflexion, ils prirent la décision suivante. Les vingt premiers étages, l'un d'eux raconterait des histoires drôles et des blagues, histoire de détourner quelque peu leur esprit. Les vingt étages suivants, le deuxième fredonnerait des airs agréables. Et les vingt derniers étages, le troisième raconterait des histoires tristes survenues dans le monde. Ils comptaient ainsi dissiper autant que possible leur attention de la difficulté de l'ascension.

Nos compères, gravirent sans même se rendre compte, les vingt premiers étages en se tordant de rire à cause des blagues racontées par le premier d'entre eux. Pendant les vingt étages suivants, ils se délectèrent de la voix mélodieuse du deuxième colocataire. Pendant les vingt derniers étages, ils poussèrent des soupirs et avaient les larmes aux yeux, en écoutant les drames et les histoires tristes racontées par le troisième d'entre eux.

Alors qu'ils étaient sur le point d'arriver au soixantième étage, le narrateur s’arrêta soudainement et leur dit : "Mes amis, j'ai encore une histoire à partager avec vous, encore plus triste que toutes les précédentes."
"De quelle histoire s'agit-il ?" Demandèrent les deux autres, d'un air anxieux. "J'ai oublié les clés de l'appartement au rez-de-chaussée, et il nous faut redescendre et remonter" répondit-il ...

La vie d'une personne est comparable à cet immeuble de soixante étages. Durant les 20 premiers étages- les vingt premières années de sa vie, l'homme est souriant et heureux. Les vingt années suivantes, l'homme chante des chansons, se réjouit de son mariage, et de la naissance de ses enfants. Les vingt derniers étages sont assimilables aux dernières années de sa vie où l'homme devient de plus en plus faible, éprouve du chagrin et parfois est également victime de maladies…

Après 120 ans, lorsque l'homme se présente devant le Tribunal Céleste et qu’il sollicite l'accès à son nouveau « domicile », il s’entend parfois dire : « Cher Monsieur, vous avez oublié vos clés sur terre ; il vous faut redescendre et recommencer tout à zéro..."

Les « clés » représentent la Torah et les Mitsvot, qui nous permettent d’accéder à notre future maison, adaptée à nos efforts et au niveau que nous aurons atteint.
Des années de vie, d'investissement, de joies, de chagrins, de soucis et de difficultés prendront fin un jour. Pour autant, aurons-nous en main, ce précieux Pass ?

Modifions légèrement le programme de notre agenda chargé, prenons de nouvelles dispositions, agrémentons notre journée de quelques (longues ?) minutes de Torah, de Téhilim, d'actes de ‘Hessed, etc.. afin que nous n'atteignons pas le "soixantième étage" en ayant laissé l'essentiel en bas ... (Ronen Karta)