Le troisième Temple surpassera en sainteté les deux qui l’ont précédé. Comment le peuple d’Israël peut-il mériter un Temple d’un niveau supérieur, alors que son niveau spirituel est de loin plus bas que celui des générations antérieures ?

Les trois semaines séparant le 17 Tamouz du 9 Av (du 13 juillet au 3 août 2025) sont propices à la Délivrance à un point tel que, selon nos Sages, la Guéoula dépend essentiellement de notre travail spirituel pendant cette période.

Nos Sages enseignent que le Machia’h naît en date du 9 Av. La possibilité de reconstruire le Temple et de voir se dévoiler le Machia’h apparaît donc dans le monde précisément le jour de la destruction du Temple…

Essayons de cerner davantage ce que représentait le Beth Hamikdach pour le peuple juif et le monde dans son ensemble.

Le monde avant la destruction du Temple

Le Midrach Tan’houma (Paracha Kédochim, 10) nous enseigne qu’avant la destruction du Temple, une abondance extraordinaire se déversait sur la terre d’Israël. Cette abondance se déversait d’abord sur le Kodèch Hakodachim, puis sur le Kodèch (l’enceinte du Beth Hamikdach en dehors du Kodèch Hakodachim), et enfin sur le Beth Hamikdach dans sa totalité. De là, cette bénédiction se répandait sur Jérusalem, puis sur la terre d’Israël et enfin sur le monde entier. De nos jours, la bénédiction céleste ne suit plus le même circuit. Du fait de la destruction du Temple, la bénédiction céleste suit un mouvement tout à fait inverse : elle se déverse d’abord sur les Nations, et ensuite seulement, sur la terre d’Israël.

La Michna nous enseigne (Sota, chap. 9, Michna 12) : "Depuis la destruction du Temple, le goût des fruits a été altéré". Même si les fruits d’Israël ont aujourd’hui bon goût, cela n’a toutefois rien à voir avec le goût qu’ils avaient avant la destruction du Temple. Quand le Beth Hamikdach était sur pied, les fruits d’Erets Israël apportaient à celui qui les consommait pureté et sanctification. 

Leur goût exceptionnel reflétait leur grande valeur spirituelle. Ainsi que l’enseigne le verset dans Dévarim (8, 3) : "Ce n’est pas seulement de pain que vit l’homme, mais essentiellement de tout ce qui émane de la volonté d’Hachem". L’homme, en effet, ne vit pas seulement d’éléments physiques, mais avant tout d’éléments spirituels qui constituent le substrat de son essence. 

De fait aujourd’hui, les fruits d’Israël, même s’ils sont encore empreints de sainteté, ne véhiculent pas la même sainteté qu’à l’époque du Beth Hamikdach. Ceci est un des facteurs qui expliquent notre faible niveau spirituel actuel. 

Les miracles liés au Temple

Les miracles qui avaient cours dans l’enceinte du Temple étaient nombreux, autant qu’ils étaient sublimes. Nous en énumérerons quelques-uns.

La Guémara (Yoma, 39b) raconte qu’à l’époque du Temple, lorsqu’une jeune fille se mariait à Jérusalem, elle n’avait pas besoin de se parfumer. En effet, la Kétoret que le Cohen Gadol amenait chaque jour en offrande dans l’enceinte du Beth Hamikdach dégageait un parfum qui embaumait toute la ville de Jérusalem, si bien que le parfum de la jeune mariée passait inaperçu… En outre, le Midrach précise que ce parfum se propageait jusqu’à la ville de Jéricho, à 40 km de Jérusalem !

Le Talmud (Tamid, 30b) nous enseigne également que lorsque les Léviim chantaient au Beth Hamikdach, ainsi qu’ils le faisaient tous les jours, leurs chants retentissaient dans toute la ville de Jérusalem et jusqu’à Jéricho.

De nombreux autres miracles sont cités dans la Michna (Avot, chap. 5, Michna 5), comme par exemple le fait que jamais aucune viande ne s’est putréfiée dans l’enceinte du Beth Hamikdach. De même, lorsqu’un objet se brisait dans le Beth Hamikdach, il était immédiatement englouti par le sol afin d’éviter que le Beth Hamikdach ne soit souillé par des déchets. Il est mentionné également que le climat à Jérusalem était si salubre que les gens y venaient pour guérir de diverses maladies.

Pourtant, la Michna nous enseigne également qu’il y avait une grande différence de niveaux entre les deux Temples. Certains miracles grandioses qui avaient cours dans le premier Temple n’avaient plus lieu dans le second. Ainsi, par exemple, dans l’enceinte du premier Temple, le vent n’éteignit jamais le feu qui consumait la pile de bois de l’autel. De la même façon, le vent ne dispersa jamais la colonne de fumée qui s’élevait du feu de l’autel. Ou encore, seul le premier Temple abritait l’arche de l’Alliance (voir traité Avot, chap. 5, Michna 5). C’est pourquoi lorsque le second Temple fut inauguré, la joie n’était pas partagée de manière égale par tout le monde. Certains membres du peuple juif, qui avaient entre 80 et 100 ans et qui avaient connu le premier Temple dans toute sa splendeur, pleuraient même !

Qu’en sera-t-il alors du troisième Temple ? Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il aura une envergure spirituelle plus importante encore que les deux Temples qui l’ont précédé.

Le troisième Temple

Nos Sages enseignent effectivement que le troisième Temple surpassera en sainteté les deux qui l’ont précédé. A priori, voilà une affirmation qui semble étonnante. Comment le peuple d’Israël peut-il mériter un Temple d’un niveau supérieur aux deux premiers, alors que son niveau spirituel est de loin plus bas que celui des générations antérieures ? Plus largement, on peut même se demander par quel mérite une génération aussi faible que la nôtre peut-elle mériter de vivre la Guéoula, alors que des générations qui comprenaient des géants de la spiritualité comme les Amoraïm et les Tanaïm, Maïmonide, Rachi et le Gaon de Vilna ne l’ont pas mérité…

La réponse est la suivante : Hachem, dans Sa grande bonté, souhaite amener le monde à sa finalité, c’est-à-dire au dévoilement de Sa connaissance ou en d’autres termes à la Guéoula. Adam Harichon, dont la faute entraîna l’éloignement de l’humanité de la connaissance d’Hachem, était une personnalité très élevée d’un point de vue spirituel. Il contenait en lui les âmes de toute l’humanité, les nôtres y compris. En fautant, Adam Harichon entraîna avec lui toutes ces âmes dans la déchéance spirituelle. Pour réparer les dégâts engendrés par la faute originelle et permettre la Délivrance, toutes les âmes qui étaient contenues en Adam Harichon lors de la faute doivent passer par un processus de réparation, en suivant un parcours bien particulier et en réalisant certaines actions bien précises dans ce monde. Une fois que chaque Néchama aura réalisé le Tikoun qui lui est propre, alors la Guéoula pourra avoir lieu.

Ainsi, la Guéoula finale, l’avènement du Machia’h et la construction du troisième Temple seront le produit conjoint de la ‘Avodat Hachem de tous les Bné Israël de toutes les générations. Ceci explique que le troisième Beth Hamikdach sera plus élevé encore que les deux premiers, puisqu’il sera le produit d’une ‘Avodat Hachem de tout un peuple sur une durée de presque 2 000 ans !

Puissions-nous mériter de le voir sur pied bientôt et de nos jours, Amen !