La société moderne est profondément gouvernée par le règne de la science et de la recherche expérimentale, avec pour maître-mot : vivre mieux. L’avancée se lit dans tous les domaines du quotidien, de la médecine aux transports en passant par l’agroalimentaire. Le monde a indéniablement évolué vers une vie meilleure. 

Cependant, si la société a bien avancé sur le plan matériel, dans le domaine du spirituel, elle n’a fait que chuter, et cela de génération en génération jusqu’à se trouver actuellement au plus bas.

Grandeur et décadence d’une civilisation 

Jadis, la société avait comme référentiels la religion et la philosophie. La première lui dictait ses devoirs vis-à-vis du Divin, l’autre ses devoirs vis-à-vis de l’essence morale. Par exemple, la France était jusqu’à la Révolution en 1789 profondément chrétienne, et il en allait de même pour les autres monarchies voisines d’Europe. Les citoyens étaient fortement influencés par les valeurs religieuses, les dix commandements hérités de la Torah et base de toute société occidentale, ainsi que les sept péchés capitaux de son propre culte etc. 

Parallèlement aux doctrines religieuses, il y avait les systèmes de pensées philosophiques datant de l’Antiquité grecque avec comme précurseur Socrate, le père de cette discipline, puis Platon et Aristote, qui approfondirent chacun à leur tour leurs réflexions sur les actions de l’homme et ses buts, notamment avec  la « philosophie de l’éthique » qui donna lieu à des études sur la vertu, la sagesse et le bonheur. Les idées s’héritaient et se modifiaient sans cesse chez les philosophes en quête de sens et fleurirent plusieurs courants comme « l'épicurisme » exigeant une modération des plaisirs ou encore « le stoïcisme » invitant à se détourner des passions corporelles. Cependant, tous comprenaient qu’il existe une vérité absolue, fondamentale, inscrite dans le creuset de l’existence par son Créateur, qui dicte à l’homme comment vivre. Les uns l’héritaient de père en fils et s’y soumettaient religieusement, les autres s’étaient donnés pour mission de la découvrir. 

Mais vint ensuite l’ère des sciences expérimentales qui obtinrent un tel succès qu’elles détournèrent peu à peu l’humanité de l’idée de vivre de façon adéquate, vers l’idée de vivre bien. Le sens laissa alors place au confort… 

Les penseurs furent tellement séduits par cette idée qu’ils en vinrent à « penser » que l’existence devait désormais se cantonner à la matière. D.ieu devait être mis de côté au plus vite par un athéisme réactionnaire livré par les « Lumières françaises » comme Diderot, d’Alembert, La Mettrie etc. Puis le combat continua avec « les penseurs du soupçon » vers la fin du 19ème siècle, début du 20ème, avec en tête d’affiche Nietzsche, Marx et Freud. 

Parallèlement à sa guerre contre la loi Divine qui, d’après eux, enchaîne l’homme aux chaînes de sa conscience comme l’écrira le sinistre Führer dans son Mein Kampf, la société dut s’élaborer une nouvelle doctrine qui approuverait son besoin de liberté exacerbée et sa soif de permissivité totale : c’est alors que l’existentialisme naquit. 

L’existentialisme considère l’homme comme un être libre, maître des valeurs qu’il décide d’adopter ; lui seul crée le sens et l’essence de sa vie. Il n’y a plus de bien fondamental, plus de valeur absolue, tout devient subjectif et personnel, donc profondément dénué de vérité. Le philosophe danois Soren Kierkegaard écrivait par exemple «  Je dois trouver une vérité qui en soit une pour moi-même, une idée pour laquelle je puisse vivre ou mourir. » 

Confortés par la théorie de l’évolution darwinienne selon laquelle, à l’époque, il leur semblait plausible que l’existence soit née d’un pur hasard, le tour était joué !

Sartre écrira à ce propos : « Dostoïevski avait écrit : ”Si D.ieu n’existe pas, tout est permis”. C’est là le point de départ de l’existentialisme. En effet, tout est permis si D.ieu n’existe pas, et par conséquent, l’homme est délaissé parce qu’il ne trouve ni en lui, ni hors de lui une possibilité de s'accrocher. Il ne trouve pas d’excuses. » (Jean-Paul Sartre, L’existentialisme est un humanisme, 1946, Gallimard, page 39)

La psychologie : le règne des sciences

Ainsi, aveuglée par l’idée de la liberté et du confort, la société a perdu progressivement ses valeurs morales. Dorénavant, sa seule et unique doctrine se résume au bien-être. La religion et son idée du devoir vis-à-vis du Créateur, ou la philosophie et son idée du bien absolu à découvrir, ont désormais laissé place à la « philosophie » de la psychologie. 

À présent, on ne pense pas ce qui devrait être juste ou convenable, mais plutôt ce qui procure le plus de bien-être. Habillé d’une démocratie taillée sur mesure qui s’inscrit dans le même canon : donner la liberté au peuple de s’exprimer librement sur tous les sujets. Contraintes minimales, assistances maximales, tout pour vivre heureux… et vide de sens !

Le Divin devient tabou : il ne faut surtout pas l’évoquer sous peine d’être surveillé ou ringardisé. Les médias, quant à eux, exacerbent un athéisme basé sur de l’imaginaire et beaucoup de mauvaise foi, les dés sont jetés d’avance dans les débats télévisés et les discussions soigneusement coupées pour tourner en ridicule les hommes de foi. Tandis que l’agenda de la liberté est gracieusement mis sur un podium tout en strass et paillettes, même lorsqu’il s’agit de modifier le sexe d’un enfant perdu dans ses questions identitaires, soit-disant « transgenre », sans même l’accord de ses parents comme dans certaines écoles en Écosse au nom de la liberté de choisir son destin.

La liberté à tout prix ! Une liberté qui est en réalité un esclavage des passions, une émancipation du domaine de l’esprit pour une souveraineté de celui du corps. Là où nos Sages nous enseignent qu’« il n’y a d’homme libre seulement celui qui s’adonne à l’étude de la Torah » (Avot 6:2), car lui seul est à même de maîtriser ses penchants.