רַבִּי שִׁמְעוֹן בֶּן אֶלְעָזָר אוֹמֵר, אַל תְּרַצֶּה אֶת חֲבֵרְךָ בִּשְׁעַת כַּעֲסוֹ, וְאַל תְנַחֲמֶנּוּ בְּשָׁעָה שֶׁמֵּתוֹ מֻטָּל לְפָנָיו, וְאַל תִּשְׁאַל לוֹ בִּשְׁעַת נִדְרוֹ, וְאַל תִּשְׁתַּדֵּל לִרְאוֹתוֹ בִּשֶּׁעַת קַלְקָלָתוֹ.

« Rabbi Chimon ben Éléazar dit, n’essaie pas de calmer ton ami lorsqu’il est dans le feu de sa colère, et n’essaie pas de le consoler lorsqu’il se trouve face à la dépouille mortelle, et ne le questionne pas sur son serment lorsqu’il l’a formulé, et n’essaie pas de le voir à l’heure de sa déchéance. » (Maxime des Pères, Chapitre 4, Michna 18)


Le Midrach Chemouel rapporte au nom du Maharam Elchaker que cette Michna vient dans le sillage de la précédente, qui vantait l’importance d’une petite heure de bonnes actions en ce monde. Rabbi Chimon ben Éléazar vient donc nous avertir que cette petite heure doit être choisie avec minutie, car sinon, elle risque de dégénérer en un acte déplacé et irresponsable.

Le Yaavets, dans son commentaire, compare cette situation à celle d’un charbon incandescent, sur lequel on verserait de l’eau dans le but de l’éteindre, et le résultat obtenu serait a contrario, une recrudescence de la flamme…

Il ne suffit pas que l’intention soit bonne. Encore faut-il qu’elle soit accompagnée de tact et de délicatesse. Rabbi Ovadia de Bartenoura, le Gaon de Vilna, ainsi qu’une pléthore d’autres commentateurs, cite différents passages de la Torah, à travers lesquels rabbi Chimon ben Éléazar nous enseigne la conduite à suivre.

Après la faute du Veau d’or, D.ieu répondit à Moché : « Ma colère quittera Ma face et Je te donnerai toute sécurité. » (Chémot 33, 14) Nous voyons donc que ce n’est qu’une fois l’excès de colère passé, qu’il sera possible d’intercéder pour les Juifs. 

Après la destruction du Temple, D.ieu refuse d’accepter les condoléances des anges sur ce malheur. « … Ne vous mettez pas en peine pour Me consoler du désastre de la fille de mon peuple. Car c'est un jour de trouble, de ruine et d'effarement qu'a décrété le Seigneur… » (Isaïe 22, 4)

Lorsque Moché fut informé qu’il se verrait refuser l’entrée en Erets Israël, il attendit avec patience jusqu’à la fin des quarante ans dans le désert pour essayer d’annuler ce serment divin.

Enfin, D.ieu n’apparut à Adam et Ève après la faute du fruit défendu, que lorsqu’Il leur procura des vêtements, afin d’éviter de les voir dans leur déchéance. 

Il nous incombe donc d’utiliser cette liste non exhaustive de règles de conduite en société, et d’agir avec finesse selon l’axiome de ‘chaque chose en son temps’.