Je me promenais dans la rue, entourée de mes huit enfants et je me sentais fière comme un paon.

Au bout de quelques instants, je m’arrêtai et je recomptai le nombre de têtes pour m’assurer que personne ne manquait.

En levant les yeux, j’aperçus une femme ayant du mal à marcher. Son visage ne m’était pas inconnu. Ah, c’était Clara, mon amie d’enfance, comment aurais-je pu l’oublier !

- « Yaël, combien d’enfants as-tu ? me demanda-t-elle après les salutations d’usage.

- « Douze ! » Avec ma réponse, des doutes m’assaillirent : « Est-ce que les quatre grands que j’ai laissés à la maison se débrouillent sans moi ? »

Elle me regarde, hébétée.

-      « Je n’y crois pas ! Comment réussis-tu à tous les nourrir ? As-tu pensé comment tu vas les marier ? Sans parler des forces pour les élever… Penses-tu avoir agi avec sagesse et sens des responsabilités ? »


Mon regard se posa alors sur mes enfants qui couraient à perdre haleine. Je descendis deux d’entre eux qui avaient grimpé sur un poteau électrique. Je séparai deux autres en train de se disputer, j’embrassai ma fille qui était tombée. Je nettoyai le visage du petit de trois ans et je fourrai un biberon dans la bouche de l’un des jumeaux tandis que je donnai à l’autre sa tétine.

-      « Disposes-tu d’un peu de temps pour une histoire ?

-      « Si elle est vraiment courte, d’accord ! » répondit-elle, en lançant un coup d’œil furtif sur sa montre.

-      « Tu as déjà entendu parler de Rav Eliyahou Lopian ! Un jour, l’un de ses élèves vint lui demander la permission de quitter la Yéchiva. Le Rav lui en demanda la raison. Il lui expliqua qu’il voulait apprendre un métier pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille une fois marié !

Le Rav garda le silence et le questionna à nouveau : « Comment sais-tu que tu vas te marier ? » L’élève lui répliqua : « A la grâce de D.ieu ! »

« Et qui te dit que tu vas avoir des enfants ? » « Si D.ieu veut ! » affirma-t-il en souriant.

« Ah ! » conclut le Rav Lopian : « D.ieu va t’aider pour te marier, D.ieu va te donner des enfants, et ne va pas d’aider aussi pour ton gagne-pain ? »

L’homme voyage dans un train de cent wagons, avait illustré une fois le ’Hafets ’Haïm. Il se tient en bout de piste et pousse le wagon qui est devant lui pour aider la locomotive…
 

L’être humain vit avec un nuage noir au-dessus de lui, des tracas qui lui polluent l’existence :

Que mangerons-nous demain ? Comment allons-nous gagner notre vie ? Comment allons-nous marier les enfants ? Comment trouverons-nous des conjoints pour eux, qui garantit que quelqu’un voudra d’eux ?

En réfléchissant deux secondes, en arrêtant le fil de ses pensées, on peut reconnaître la réalité du monde : « N’est-ce pas D.ieu qui dirige l’univers ? N’est-ce pas Lui qui alimente de la plus petite créature jusqu’à la plus grande, ne peut-Il pas aussi me nourrir et nourrir ma famille ? »

Fais confiance à D.ieu et tu verras qu’Il subviendra à tes besoins ! Avoir peur du lendemain est inutile !

En ayant cet axiome de base à l’esprit, tu puiseras des forces insoupçonnées pour élever tes enfants sereinement et même peut-être déchargeras-tu ton mari de ce joug financier pour le laisser étudier la Torah !

Le seul moyen d’arriver à la sérénité est d’avoir confiance en D.ieu !
 

Comment atteindre ce degré de confiance ?

Il ne s’agit pas d’un faible espoir que tout ira bien.

C’est au contraire vivre avec la foi profonde que rien n’arrive fortuitement, que tout est géré dans le moindre détail, que tout est décrété par le Ciel.

D.ieu décide pour chaque être humain ce qui lui convient parfaitement (’Alé Chour page 258).

Avant la naissance, D.ieu fixe à l’homme toutes les conditions pour son service divin : « Combien d’enfants aura-t-il ? Que sera son gagne-pain ? Quelles seront ses épreuves ? »

Le « ’Hovot Halévavot » (Cha’ar Habita’hone, chapitre 4) explique : « L’homme doit savoir et croire qu’il y a un sens particulier à l’endroit, l’époque et la façon dont il est né. »

D.ieu l’a mis sur cette Terre précisément dans cet endroit, dans cette famille, avec ce type de parents, à cette heure-ci, ni avant, ni après. Il l’a créé avec une physionomie particulière, des traits de caractère spécifiques et des tendances naturelles qui lui sont propres.

Souvent, nous nous trouvons dans des situations indésirables et nous pensons qu’a priori, cela ne nous est pas destiné !

On se dit : « C’est la vie, on ne peut rien y faire ! » et on essaie de continuer péniblement notre chemin…

« Dommage que ce Chiddoukh (cette rencontre en vue du mariage) n’a pas abouti, c’était tellement prometteur ! »

« Ce n’est pas moi qui ai choisi les talents de mes enfants… », pense une maman déçue du dernier contrôle de son fils.

« Dès son enfance, j’avais remarqué qu’il était têtu ! », sanglote une autre maman, parlant de son fils en pleine crise d’adolescence.

Avec anxiété, les mères observent autour d’elles. Elles soupirent : « Si seulement nous étions comme telle famille, si nos enfants étaient doués, en bonne santé et pieux comme tels voisins… Oh ! Maître du monde, quand la situation va-t-elle changer ? »

« L’homme ne bouge pas le doigt ici-bas si et seulement si ce geste n’a pas été décrété en haut. » (Traité ’Houlin 7b)

Celui qui a confiance en D.ieu sent et sait au plus profond de son être que ce qu’il vit à présent est la meilleure des situations et qu’elle s’inscrit admirablement dans sa vie.

Ses épreuves sont conçues pour le conduire vers un but ultime, une mission, pour lesquels il est descendu sur Terre.
 

Une vie sereine

Avoir toujours en tête que tout vient du Ciel nous permet de vivre en toute quiétude et de ressentir un bien-être ineffable.

C’est aussi reconnaître à chaque instant quel est le rôle attribué par D.ieu en s’efforçant de l’assumer au mieux, avec joie et en connaissance de cause !

En vivant ainsi, on peut affronter la souffrance et les déceptions qui font partie intégrante de la vie. On parvient également à ne pas être ébranlé par ce décalage entre le rêve et la réalité.

Aurélie se maria très jeune. Pourtant, une longue période l’attendait avant qu’elle ne mette au monde son premier enfant.

Une année s’écoula, puis une autre et après une autre…

Ses amies avaient déjà trois ou quatre enfants, ses jeunes sœurs dorlotaient aussi des bébés. Elle fut seule à fêter son dixième anniversaire de mariage avec un sourire forcé dans sa maison désespérément vide.

Quand D.ieu finit enfin par les combler, elle se confia :

« Je n’ai pu supporter ces années difficiles que grâce à une analyse et une conscience claire des événements. D.ieu nous a envoyé cette épreuve pour nous conduire, moi et mon mari, dans un itinéraire particulier. »

Le mari d’Aviva tomba malade quelques mois après leur mariage. Elle s’efforça de prendre soin de lui et d’alléger au mieux ses souffrances.

Tandis que ses amies étaient toutes à leurs cuisines, cherchant la meilleure recette et discutant des soldes, elle était quant à elle occupée avec les médecins et les médicaments !

Des années plus tard, lorsque son mari se rétablit, Aviva avoua :

« Ce qui m’a fait tenir, c’est l’idée que je ne souffrais pas pour rien, mais que D.ieu me testait ! »

Celui qui vit ainsi ressemble au bébé dans les bras de sa mère, jouissant de son amour et croyant, dur comme fer, qu’elle lui prodiguera tout ce dont il a besoin.

Il n’éprouve jamais d’inquiétudes pour l’argent et ne se soucie pas du lendemain.

Il continue de rire, même quand le médecin est inquiet au sujet de son état de santé ou quand l’infirmière est soucieuse, au sujet de son surpoids ou de sa maigreur.

Il sait très bien que s’il a mal, il se tournera vers sa mère, qui l’aidera, sans l’ombre d’un doute !

Plus nous sommes persuadés que D.ieu, le Créateur du monde, est Le Seul à pouvoir nous sauver, plus nous parviendrons à prier du plus profond de notre être.

Il s’agit d’avoir conscience que tout provient du Ciel, que D.ieu, en un tour de main, peut transformer la situation du tout au tout, comme nos Sages, de mémoire bénie, l’ont dit : « Même si une épée aiguisée est posée sur ton cou, ne désespère pas ! »

Cette croyance nous permettra de mieux prier et grâce à cette requête sincère, D.ieu finira par nous envoyer la solution à nos problèmes, en un clin d’œil !