Bonjour Rav,
Est-il permis d'adresser des doléances (des demandes personnelles ou pour ses proches) à Hachem après l'allumage des bougies de Chabbath pour une femme, bien que ce soit déjà Chabbath, et qu'il me semble que nous ne pouvons pas demander de faveurs personnelles pendant Chabbath ?
Merci par avance pour votre éclairage.
Bonjour,
Le Michna Broura (263, 2) rapporte qu’il est recommandé de prier après l’allumage des bougies de Chabbath afin de mériter des enfants brillants dans la Torah. En effet, la récompense de cette Mitsva est justement d’avoir de bons enfants. Cette idée prend sa source dans les propos de Rabbénou Baḥya (Chemot 19, 3), qui explique que le moment de la réalisation d’une Mitsva est particulièrement propice à l’acceptation des prières.
En ce qui concerne d'autres requêtes personnelles, il faut savoir que l’interdiction de demander des faveurs durant Chabbath ne concerne que les demandes relatives à la Parnassa (gagne-pain) ou à la guérison, car elles rappellent à la personne ses souffrances, ce qui est contraire à l’esprit de tranquillité du Chabbath (Michna Beroura 288, 22).
Ainsi, celui qui souhaiterait malgré tout prier pour la Parnassa ou pour la guérison d’un proche après l’allumage (mais avant la Chki’a – coucher du soleil) pourra le faire, et, ce, pour plusieurs raisons :
1) Selon les décisionnaires Séfarades, l’allumage des bougies avant le coucher du soleil ne marque pas formellement l’entrée dans le Chabbath, ni n’entraîne une interdiction des Mélakhot (travaux interdits). Voir Halakha Beroura, volume 15, pp. 323-329.
2) Même selon les décisionnaires Ashkénazes qui considèrent que l’allumage des bougies constitue une acceptation immédiate du Chabbath, Rav 'Haïm Kanievsky (Kovets 'Iyoun Haparacha, tome 109, p. 105) propose une idée très originale, à savoir que la femme ne "reçoit" pas automatiquement le Chabbath au moment même de l’allumage, mais seulement après avoir terminé ses prières personnelles. Même si elle ne formule pas explicitement une condition (Tnaï), comme : "Je n’accepte pas encore Chabbath", le fait qu’il s’agisse d’une habitude répandue chez les femmes de prier longuement après l’allumage est considéré comme une condition tacite. Cela lui permet donc de poursuivre ses prières avant l’entrée effective du Chabbath. À noter toutefois que cette idée ne fait pas l’unanimité parmi les décisionnaires. C’est pourquoi, pour les communautés Ashkénazes, il est préférable que la femme exprime clairement sa condition en disant, avant ou pendant l’allumage : "Je n’accepte pas encore Chabbath tant que je n’ai pas fini mes prières."
En résumé clair :
1) Il est fortement recommandé après l’allumage des bougies de prier pour avoir des enfants brillants et pieux dans la Torah.
2) Les prières et requêtes ne suscitant ni tristesse ni souffrance – comme prier pour la réussite spirituelle, sont parfaitement permises, même pendant Chabbath lui-même.
3) Les prières pour la santé ou la subsistance (qui sont en général interdites durant Chabbath) sont permises pour les communautés Séfarades. Pour les femmes Ashkénazes, il serait préférable qu'elles expriment clairement comme condition avant l’allumage de ne pas accepter Chabbath avant la fin de leurs prières.
Soyez béni !