Chère amie,

Lors d’une récente expérience de conférences à la chaîne, la majorité des participants partageaient le même enthousiasme pour certains conférenciers, et le même ennui pour d’autres, qui traitaient pourtant du même sujet sous différents prismes. C’est sûr, cela nous laissait quelques plages pour dormir (!), mais ce phénomène ne nous a pas laissées indifférents malgré tout.

Nous nous sommes demandées pourquoi une telle différence de popularité ?!?

C’est en éclaircissant la question au regard de la Torah, que nous pourrons puiser ici les clés pour briller, les filles, toujours, dans les grands yeux de nos maris, les plus petits de nos enfants… et peut-être ceux de toutes les femmes que vous pourrez vous-mêmes apprendre à faire briller… sans perdre une goutte, bien au contraire, de votre propre lumière.

On ne transmet pas ce que l’on a, mais ce que l’on est.

S’il est vrai que le sentiment d’acquérir quelque chose d’extérieur, de la simple robe à sa première voiture, procure un semblant de grand bonheur, nous le savons toutes, ce sentiment s’évapore assez rapidement.

En revanche, tout ce que nous pouvons acquérir d’intérieur, se gravera à jamais à l’intérieur de notre Néchama (âme=. Cela est notre réel patrimoine pour toujours (ex : avoir cédé sur quelque chose au profit du bien-être de l’autre, de mettre à disposition de son temps pour réjouir un malheureux, etc.).

Pour illustrer ce fait, Rav Dessler (1) nous enseigne que ce sont ces acquisitions spirituelles qui seront les composantes essentielles de notre futur être dans le monde à venir. Elles constitueront nos « habits », dans cette future réalité toute spirituelle. C’est dire si elles sont fondamentales !

« Un Sage éminent disait à ce propos que ce n’est pas le Tsadik qui est dans le monde à venir, mais que c’est le monde à venir qui est dans le Tsadik… » (ibid). Quelle beauté !

En quelque sorte, nous fabriquons notre futur être tout spirituel, par notre capacité à être ici-bas. Être une personne profonde, ce que chaque Mitsva nous aide indubitablement à devenir.

Voici donc en quoi cela peut éclaircir notre question initiale sur l’impact de nos discours : s’ils sont dits par une personne imprégnée « d’être », plus que « d’avoir », par une personne qui véhicule de « l’essentiel », « du vrai », plus que du « superficiel », alors ses paroles pénètreront bien plus aisément dans nos cœurs.

Or, si cela est vrai pour des conférenciers qui, en parlant, font transpirer leur réelle intériorité, ce sera d’autant plus vrai pour ces discours, qui sont notre lot quotidien, à nous les femmes ! Lorsque nous parlons à nos maris, nos enfants, nos amies, etc., est-ce que nous n’émettons qu’une série de « sons », de « bruits », ou plutôt une série de sens, de profondeur, seule vectrice de vraie contribution, évolution chez nous et chez l’autre ?

En résumé, c’est en incarnant nos mots envers nos interlocuteurs, que ce soit les mots d’un simple échange d’opinion, ou les mots d’une jolie histoire narrée à nos enfants, que nous pouvons espérer leur transmettre réellement quelque chose. Et qu’ils puissent le transmettre à leur tour. Nous devenons ainsi des « passeuses de lumières »…

Eh oui, il est par exemple bien difficile d’en vouloir à un mari pour son manque d’attention, si on ne s’en occupe pas nous-mêmes. Ou bien improbable encore d’imposer à ses enfants d’arrêter de crier… en criant !

C’est ce qui fait toute la différence entre la valeur que porte en elle, le fait d’être, et celui d’avoir. Être un juif rempli de Mitsvot et de bonnes Midot, c’est à cela que nous nous résumons, en vrai. La robe, la voiture, et même la maison pimpante, disparaîtront un jour…

Ce que l’on est, c’est ce que l’on sait, vraiment.

Mais, si ce que l’on est vraiment, ce sont le cumul de nos Mitsvot et de nos Midot, sont-elles un cumul de gestes automatisés (ex : Nétilat Yadaïm, Téfilot, recevoir des invités, visiter des malades, etc.), ou sont-elles des notions faisant intégralement partie de notre être, à tel point que nous ne pourrions plus jamais vivre sans ?

Ah, là, il y a du niveau, me diras-tu…

C’est vrai, c’est un sacré niveau. Niveau atteint par chacun des héros et héroïnes de notre peuple, lorsqu’ils ont passés des tests difficiles ayant assis concrètement et solidement leurs opinions, et leur attachement à Hachem, ainsi qu’à sa Torah.

Tout d’un coup, toute la théorie accumulée est devenue pratique. Et c’est seulement depuis ces étapes franchies qu’ils ont pu illuminer, marquer et inspirer tant de nos coreligionnaires par la suite. Parce que dans leur voix, dans leur discours, il y en avait, du vécu.

Songeons bien entendu à tous les personnages de la Torah. Mais encore à notre époque à des femmes tellement fortes comme la Rabbanite Jungreis, ou Margalite, la femme de Rav Ovadia Yossef, parmi tant et tant d’autres.

Là encore, il va sans dire que les conférenciers ayant de l’impact sur leur auditoire étaient ceux qui incarnaient réellement leur discours. Enrichis d’expériences personnelles et de leçons accumulées, ils démontraient sans le vouloir leur niveau réel de savoir, et non plus de connaissance.

En ce qui nous concerne, nous pouvons nous inspirer des lumières de ‘Hanouka qui brillent dans nos foyers, de l’intérieur vers l’extérieur, pour nous demander : « Et moi, qui ai intégré telle et telle vraie leçon de la vie grâce à telle expérience, qu’est-ce que je peux faire de ce capital ? Je le garde jalousement pour moi, ou j’en fais quelque chose ? ».

En faire quelque chose, ça peut être tout simplement partager son expérience avec des femmes qui traversent des difficultés par lesquelles nous sommes jadis passées.

Cela me fait penser à une ancienne amie qui, ayant eu de sérieuses difficultés à tomber enceinte, a un jour décidé, plutôt que de s’éteindre en se repliant sur elle-même, de créer un groupe de paroles avec des femmes juives concernées par la même difficulté… Et qui a d’ailleurs eu le mérite d’engendrer des jumeaux très peu de temps après, Baroukh Hachem… Elle a transmis ce qu’elle savait vraiment de sa difficulté, et a pu en triompher par la même. Qui donne, reçoit.

Cela s’appelle « contribuer ».

Contribuer à sa famille, au ‘Am Israël, au monde, à l’Histoire. Tu as nécessairement une lumière à partager à une autre Bat Israël, alors fais-le ! Voilà notre mission grâce à ‘Hanouka ! Faire de belles choses de ce que l’on sait vraiment.

‘Hanouka Saméa’h. 

(1) Mikhtav Méeliahou, livre 3, chapitre « La récompense »