Question 

Chalom Kavod Harav,

Je m’appelle Raphaël. Mon père est rabbin d’une synagogue à Paris, proche de son domicile. Il a plus de quatre-vingts ans et n’est vraiment pas en bonne santé. Il est très fragile et est déjà tombé plusieurs fois. Ma mère est décédée il y a quelques années et, depuis cette date, mon père vit seul chez lui. En semaine, nous faisons en sorte de lui rendre visite tous les jours, mais il dort chez lui tout seul. Parfois, il passe le Chabbath également seul. Et bien entendu, nous nous inquiétons à son sujet. Pour cela, nous lui avons acheté un bracelet d’alarme qu’il porte en permanence au poignet afin de pouvoir demander de l’aide en cas de besoin. Il accepte de le mettre à la maison, mais pas de sortir avec pour se rendre à la synagogue le Chabbath. Et évidemment il ne lui viendrait pas à l’esprit de renoncer à aller à la synagogue. Que dit la Halakha dans ce cas-là ? 

Réponse

Durant Chabbath, et ce, à condition qu’il se trouve seul chez lui, il a le droit de porter ce type de dispositif d’alerte au poignet ou suspendu à une chaîne de cou. Mais le fait de sortir de chez lui et de le porter dans un Réchout Harabim (domaine public), ce ne sera permis que s’il y a un Erouv. Si ce n’est pas le cas, il ne pourra le faire que dans le but d’accomplir une Mitsva et le portera différemment, par exemple, en le mettant dans sa poche ou sous son chapeau. 

 

Réponse détaillée

La règle régissant cet appareil pendant Chabbath est fixée selon deux types de Halakhot : déplacement d’un objet Mouktsé d’une part et transport d’un objet d’un domaine dans un autre domaine (Hotsaa) d’autre part. Concernant les Halakhot de Mouktsé, on établit généralement une différence fondamentale entre un objet servant à un travail autorisé le Chabbath et un objet servant à un travail interdit ce jour-là. Dans le premier cas, il sera permis de le déplacer. Dans le deuxième cas, on ne pourra le faire que si l’on en a besoin pour un travail permis ou si l’on a besoin de son emplacement. Mais si le but est d’éviter par exemple qu’il ne s’abîme, on ne pourra pas le déplacer aussi bien dans le premier cas que dans le second. Compte tenu de tous ces points, on en conclut qu’il ne s’agit pas d’un objet servant à un travail interdit bien que ce soit un appareil électrique, mais d’un objet servant à un travail autorisé, car on l’utilise principalement dans le cas où une vie humaine est en danger. Aussi, est-il non seulement permis de le déplacer, mais c’est une Mitsva de l’employer. Dès lors, il est permis de le transporter librement chez soi durant Chabbath. Néanmoins, si, ce jour-là, votre père reçoit des invités et, de ce fait, ne porte pas au poignet le bracelet d’alarme, il ne le déplacera pas d’un endroit à l’autre. [car à ce moment-là, le bracelet n’a plus vocation à sauver des vies] (N.D.T.)

En ce qui concerne l’interdiction de transférer l’appareil vers un domaine public, si ce n’est pas un Réchout Harabim d’ordre Toraïque, l’interdiction en question n’est que d’ordre rabbinique. Il est alors possible de faire preuve de moins de rigueur pour les besoins d’une Mitsva, comme le fait d’aller à la synagogue pour assister à un cours ou pour y prier. Il pourra porter le bracelet à condition de le faire de manière inhabituelle. Puisque ce transfert s’opère incidemment vers un domaine « pas tout à fait public » et que l’objectif est d’accomplir une Mitsva, il est possible de se montrer moins strict. 

Expliquez à votre père que, pour son bien, il ne doit pas faire preuve de rigueur en s’abstenant d’aller à la synagogue afin d’éviter de transgresser l’interdit de Hotsaa, surtout dans son cas où il en est le rabbin et que sa présence en ce lieu lui procure probablement du plaisir et un sentiment d’honorabilité. En effet, s’il n’y allait pas, il éprouverait un chagrin profond. C’est pourquoi, il n’est pas question de l’empêcher de s’y rendre et comme il est en danger s’il ne portait pas le bracelet d’alarme, il le mettra de manière inhabituelle, ainsi que nous l’avons vu plus haut. 

Attention : tous les propos ci-dessus ne concernent que le bracelet d’alerte et non pas un téléphone portable ou tout autre appareil. 

Références : 

Chemirat Chabbat Kehilkhta, chap.40. 7 et les sources mentionnées dans la remarque 22.

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