L’Histoire de l’univers a suscité, on le sait, de nombreuses enquêtes. D’Alexandre le Grand à Jules César, de Gengis Khan à Napoléon, les conquérants sont mus par le désir d’accumuler des biens. Le Rav Dessler, dans son Kountrass Ha’hessed (Mikhtav MéEliahou Tome 1) explique que ce désir de conquérir provient d’une pulsion négative qui consiste à vouloir posséder toujours davantage. C’est cette ambition qui habitait Napoléon – cette personnalité née sur une île à l’Est (en Corse) et morte sur une île à l’Ouest (Ste Hélène) – désireux de dominer le monde entier. Il voulut conquérir l’Europe, mais aussi organiser la vie du peuple juif. C’est ainsi qu’il convoqua un Sanhédrin, états généraux de la communauté juive, sous la direction d’une autorité rabbinique célèbre, le Rav David Sintzheim, qui était indiscutablement reconnu comme un Gadol par toutes les autorités de l’époque. Cependant, l’organisation de la communauté, assura, certes, l’émancipation des Juifs français, mais contribua à une assimilation, et conduisit les Juifs à s’éloigner de l’observance. On acceptait que le judaïsme s’exprime à la synagogue, mais l’observance de la Torah semblait appartenir à un passé démodé. Ainsi, le 19ème siècle a vu se construire de belles synagogues à Paris, dont certaines sont des monuments historiques, mais cela ne signifiait pas que l’observance suivait la beauté architecturale de l’édifice ! L’arrivée, en France, au début du 20ème siècle, de Juifs orthodoxes émigrés de Pologne, de Russie, a un peu amélioré la situation jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Mais l’afflux des Juifs d’Afrique du Nord a transformé la communauté française. L’organisation créée par Napoléon en vue d’assimiler les Juifs n’a pas réussi. La vitalité du judaïsme en France se manifeste aussi bien dans le domaine de l’observance, dans le domaine de l’étude, dans les réalisations sociales, communautaires. Certes, les mariages mixtes restent encore une menace permanente, mais les Baalé Téchouva, les étudiants en Torah exercent une influence croissante sur la société juive. Les réactions réservées face à la candidature d’un Juif à la Présidence de la République témoignent également d’un refus d’accepter une intégration artificielle dans un monde laïque. Assurément, la vigilance est nécessaire.

Ne nous trompons pas, et ne créons pas de fausses illusions et un optimisme béat. Cependant, il est évident que l’étude de la Torah, l’influence des Yéchivot, des écoles juives ne cessent de s’étendre. En 1935, la première école juive, l’école Maïmonide à Boulogne, fut célébrée comme un événement rare nouveau en France, à cette époque… Aujourd’hui, grâce à D.ieu, le nombre des centres d’étude est en progrès permanent. Les Yéchivot, les Collelim, les écoles juives florissent, grâce à D.ieu. Paris, les diverses banlieues, Marseille, Toulouse, Nice, Strasbourg, Brunoy et, bien sûr, Aix-les-Bains sont les témoignages de cette évolution. On peut dire que le véritable échec de Napoléon est la Yéchivat Hakhmé Tsarfat qui s’est ouverte en 1938, mais s’est développée à Aix-les-Bains à partir de 1945. Quoi de plus significatif que de continuer, en France, au lendemain de la Shoah, un établissement d’études de la Torah, qui continue la tradition des « Sages de France » (Richonim, sages de l’époque médiévale). L’éternité de la Torah a raison de toutes les ambitions, car elle s’inscrit dans le projet divin de l’Histoire universelle.