Avec les fêtes de Tichri qui s’achèvent, la tentation est grande de leur consacrer toute notre réflexion tant les enseignements émanant de cette succession de jours grandioses sont riches et nombreux ! Toutefois, j’ai plutôt choisi de dire quelques mots d’un événement intervenu pendant ces fêtes, mais qui – apparemment - n’aurait pas de rapport avec elles : je veux parler de la libération tant attendue de Guilad Shalit.

J’ai bien dit « apparemment », car cette libération a eu lieu la veille de Hochana Raba, le jour appelé « 'hotem hapenimi » : celui du « dernier sceau » du jugement divin - à la fois individuel et collectif - concernant l’année nouvelle. Car l’on sait que les décisions prises pour Son monde par le Créateur à Roch Hachana sont scellées à Yom Kippour et ensuite définitivement « applicables » à Hochana Raba.

Parmi les décisions que D.ieu avait donc prises en ce tout début de l’année 5772 - sans que nous, les humains, en soyons informés - il y avait donc l’étonnante et quasi miraculeuse libération de Guilad Shalit. C’est en ce sens que cet événement a un rapport direct avec les fêtes de Tichri, puisque tout ce qui est important se décide pendant ces trois semaines si spéciales...

 

J’ai eu quant à moi le bonheur et le privilège de me trouver en Israël en cette journée que l’on peut qualifier d’« historique » ! Car outre l’émotion considérable qui se dégageait de cet événement dans tout le pays, on a pu toucher du doigt et véritablement éprouver la réalité plusieurs fois millénaire voulant que le peuple juif est en fait une grande famille : en ce jour ô combien étonnant, on avait l’impression tangible que chaque famille israélienne accueillait enfin chez elle l’un de ses enfants qu’elle n’espérait plus du tout voir vivant…

L’autre enseignement que j’en retire est celui de la force tout à fait effective de la prière. C’est ainsi que, pour reprendre l’expression de nos maîtres, une prière est comme « une flèche lancée par un archer » car elle retombe toujours quelque part. Certes, nous avons parfois le sentiment que nos prières sont vaines : nous ne voyons pas l’aboutissement de toutes nos demandes… Puis le temps passe et rien n’arrive ! Mais en fait, aucune téfila n’est vaine ni « stérile ». Dès lors qu’elle est sincère, elle est reçue par le Créateur Qui lui donnera au moment opportun la suite qu’Il voudra…

Je crois ainsi que la libération miraculeuse de Guilad Shalit en ces jours si chargés de sens pour notre peuple est bel et bien le produit de la prière, de toutes nos prières ! En effet, pendant des années, dans toutes les synagogues du monde, en Israël comme en diaspora, des minyanim ont sans cesse prié pour lui. Et c’est bien cette « accumulation » d’espérance et de foi sincère qui a fini par porter ses fruits ce jour-là !

Chacun de nous doit en tirer cet enseignement à la fois très simple, mais d’une profondeur extrême : ne nous décourageons jamais ! Prions, et prions encore, car tôt ou tard, notre téfila sera exaucée…
Bien sûr, concernant cet événement exceptionnel, il ne faut pas occulter ses nombreux aspects halah’iques : le « rachat des prisonniers » est un des sujets abordés par le Traité talmudique Guitin p.45/a et aussi par le Choul’han Arou’h (Yoré Déah, chapitre 252). Ces textes discutent du « prix à payer » pour la libération des prisonniers juifs… Et de fait, le souci permanent de nos Sages à ce propos est de ne pas être contraint à devoir payer un prix trop fort, afin que les ravisseurs ne soient pas automatiquement tentés de demander toujours davantage… ou de vouloir kidnapper et emprisonner d’autres Juifs.

En mentionnant cet aspect du problème, je veux simplement poser cette question sans nullement vouloir la résoudre : plus de mille prisonniers palestiniens libérés - la plupart terroristes avec du « sang sur les mains » - en échange d’un seul et unique otage juif : était-ce là quelque chose de bien raisonnable… ?

Mais notre réponse est positive, car la potentialité bien réelle de dangers avenirs (le risque de voir commettre d’autres attentats sanglants à l’avenir) ne saurait écarter la certitude d’un autre danger, celui-là bien présent et prégnant : la terrible précarité de la situation de ce jeune soldat israélien en train de dépérir de jour en jour dans un sombre cachot du Hamas !

Au-delà de ces éléments « rationnels » d’analyse - avec leurs arguments « pour » et d’autres « contre » -, je considère par-dessus tout que toute cette réflexion et ce débat à l’échelle de tout Israël représentent en eux-mêmes un très grand Kiddouch Hachem - une sanctification du Nom de D.ieu : en effet, avec cet événement, les nations du monde ont pu réaliser de manière directe et concrète combien Israël est attaché à la valeur de la vie et combien - ainsi que l’a énoncé la Torah (dans le Traité talmudique Sanhédrin, page 37/a) - la vie d’un homme n’a pas de prix !

Souhaitons donc à Guilad Shalit une longue et heureuse vie au milieu des siens, et à tout le peuple d’Israël que son pays n’ait plus désormais à souffrir de ces terribles dilemmes sécuritaires et que ces terribles souffrances endurées par Guilad Shalit et sa famille soient les dernières pour notre peuple !