Nous ouvrons cette semaine, à la veille de la fête de Shavouot, le quatrième livre de la Torah, le livre de Bamidbar. Ce livre nous donnera l’occasion de poursuivre le récit des pérégrinations des Bné Israël dans le désert avant d’arriver en Eretz Israël.

Durant toute ces étapes, les Bné Israël comprennent chaque jour encore mieux la profondeur de leur lien avec l’Eternel, et comment Le servir de la meilleure manière possible. Il s’agit naturellement d’enseignements valables pour toutes les générations, et nous devons nous efforcer de les faire résonner profondément en nous.

Ce nouveau livre de Bamibar s’ouvre sur le recensement des Bné Israël, tribu par tribu. Dans son premier commentaire sur ce nouveau livre de la Torah, Rachi nous donne un commentaire fondamental « C’est l’amour qu’Il leur porte qui L’incite à les compter à tout moment : Il les a comptés lorsqu’ils sont sortis d’Égypte, et de nouveau après la faute du veau d’or afin de connaître le nombre de survivants (Chemoth 38, 26), et encore une fois lorsqu’Il est venu pour faire résider sa chekhina sur eux.». Nos Sages nous enseignent que D.ieu compte les enfants d’Israël car ils sont extrêmement précieux à Ses yeux, telles des pierres précieuses, des trésors que l’on garde avec soin, et dont on souhaite vérifier la présence à nos côtés à chaque instant.

Cet enseignement est d’une grande profondeur et ses conséquences méritent d’être gravées dans nos cœurs et nos esprits. Il nous apprend tout d’abord que chaque Juif, quel qu’il soit, quel que soit son niveau dans l’étude ou la pratique, est le dépositaire de la même dignité intrinsèque aux yeux de D.ieu et l’Eternel porte à chacun le même amour. En effet, il n’est pas dit que D.ieu a compté uniquement les Cohanims, les Leviyim, ou les chefs de tribus, D.ieu a compté chaque juif individuellement.

Cet amour que D.ieu éprouve à notre endroit est la meilleure garantie contre toutes les tentations d’auto-dévalorisation, de découragement ou de dépression qui guette parfois l’homme. Rappelons ces trois principes fondamentaux : D.ieu est omniscient (Il sait tout), D.ieu est omnipotent (Il peut tout faire), D.ieu aime chaque juif comme la prunelle de Ses yeux, comme un fils « unique » et il intervient dans le monde pour l’aider, comme le démontre à de nombreuses reprises l’histoire biblique et l’Histoire dans son ensemble.

Aussi, l’homme n’a-t-il aucune raison de se sentir découragé, abattu, en proie aux doutes ou aux regrets. Il doit s’imaginer D.ieu à ses côtés à chaque instant qui lui tient la main et le guide vers ce qu’il y a de mieux pour lui, même s’il ne comprend pas. L’esprit humain est, en effet, incapable d’appréhender les tenants et les aboutissants de la Création, les secrets de la neshama « l’âme » qui ont précédé ce monde et lui survivent pour l’éternité. L’homme est parfois surpris que certains événements qui lui semblaient négatifs se sont renversés en merveilleuses opportunités dans ce monde, à plus forte raison à l’échelle de l’éternité, nous devons faire confiance à D.Ieu que tout ce qu’Il accomplit est pour le bien.

Cette conviction personnelle est fondamentale afin de ne pas laisser les pulsions négatives et destructrices du « yetser hara’ » (« le mauvais penchant ») abattre l’homme, le décourager et « aspirer » ainsi son énergie afin de l’éloigner de son très grand potentiel spirituel.

Ce n’est évidemment pas un hasard si notre tradition nous enseigne cette merveilleuse leçon à veille de Shavouot, qui célèbre et actualise dans le monde le moment fondateur du « don de la Torah ».

Le don de la Torah nous rappelle en effet la vocation que l’Eternel a assignée à notre peuple : « devenir un peuple saint et un royaume de prêtres ». De même que D.ieu nous a compté individuellement dans le désert, de même D.ieu a donné à chacun l’objectif de la sainteté.

En réalité chacun d’entre nous sommes considérés comme un « précieux trésor » par l’Eternel car nous possédons tous dans nos âmes une aspiration à la sainteté et une capacité à l’actualiser. (R. A. Twerski, Sim’ha, it’s not just happiness)

L’objectif de Shavouot et du don de la Torah est précisément de nous rappeler comment actualiser ce potentiel, quel chemin emprunté pour accéder à la sagesse et à la kédoucha. Pour y répondre, remémorons-nous ces versets bien connus du Roi David : « la Torah de D.ieu est parfaite, elle apaise l’âme ; les enseignements de D.ieu sont justes, ils réjouissent le cœur » (Téhilim, 19, 8-9)

R. Shimhon Rapaël Hirsh souligne que la Torah est parfaite car elle été créée dès l’origine pour faire échec au Yetser Hara’ « J’ai créé le Yetser Hara’ et j’ai créé la Torah comme antidote » (Kidouchin, 30b). Par conséquent, chaque prescription de la Torah a été édictée pour permettre à l’homme d’échapper aux pulsions destructrices de la matérialité, du corps et aux tentations délétères du yetser hara’.

Il s’agit véritablement d’un merveilleux cadeau qui permet à l’homme d’aborder la vie le cœur empli d’espoir et de joie. Elle ajoute à la dignité et à l’amour prodigué par Hachem à chacun d’entre nous, une confiance permanente dans la providence qui accompagne les hommes à chaque instant.

Hag Sameah’