Le 26 octobre 1553, le Genève des Réformateurs condamne à mort un homme que l’histoire reconnaîtra comme l’un des martyrs de la liberté de pensée : Michel Servet. Théologien, médecin et humaniste espagnol, il est livré au bûcher, sur le plateau de Champel (le lieu existe toujours à Genève) pour le crime d'avoir osé penser la foi autrement, à partir de cette même Bible qu’il vénérait.
Servet n’était pas un rebelle par goût de provocation mais un lecteur passionné des Écritures, versé dans l’hébreu, le grec et le latin.
Sa conviction était simple et audacieuse : pour comprendre la Parole de D.ieu, il faut remonter aux textes originaux. Il vouait donc une profonde déférence à la Bible juive, qu’il considérait comme le socle spirituel du message divin et dont il admirait la rigueur linguistique et la cohérence morale.

Ses marges de lecture en témoignent : il recopiait des versets entiers, comparait les traductions, relevait les glissements doctrinaux qui, selon lui, avaient altéré la foi chrétienne primitive.
Cette rigueur l’amena à remettre en question le dogme de la Trinité, qu’il jugeait étranger à la simplicité biblique.
À l’époque, ces prises de position théologiques pouvaient coûter le bûcher.
Arrêté en France, il s’échappe et fuit à Genève, croyant y trouver asile. Mais il est reconnu, dénoncé, jugé pour hérésie.
Calvin lui même témoignera contre lui à son procès, fournissant des pièces "accablantes" prouvant les déviations théologiques de Servet.
Malgré les exhortations, le condamné refuse de se rétracter.
Le 27 octobre, on le conduit au bûcher avec son livre attaché au corps. Il demande la décapitation, mise à mort plus rapide : on la lui refuse.
Le bois est humide, la flamme lente, la mort interminable.

Ainsi périt un homme qui n’avait voulu qu’étudier la Parole dans sa lumière première. Un post-scriptum très intéressant doit ici être apposé : sa mère, Catalina Conesa, descendait d'une famille de Juifs convertis d'Espagne, les Zaporta.
Ahh ! On aurait peut être du commencer par ce détail...






