C’est le nom du supplément jeunesse du journal “Le Vingtième Siècle”, où Hergé publia ses premières BD et dont il fut le rédacteur en chef.
La parution va cesser à la suite de l’invasion allemande de la Belgique.



R-G
Georges Remi, alias Hergé (prononciation des premières lettres de ses nom et prénom), va faire de la bande dessinée un art à part entière et ouvrira la voie à un genre jusque-là destiné « aux petits ». Il deviendra (et restera) le maître incontesté de ce domaine.
Il nous fera voyager au Tibet, en Égypte, au Congo et sur la lune, bondissant de train en paquebot, et même si le scénario n’est pas toujours bien ficelé, on le lui pardonne, car ce “flottement” de la trame, ajoute encore au charme de chaque volume.
Plastiquement, la ligne claire de ses dessins, le soin du coloriage, son souci du détail et ses planches excessivement soignées sont un délice pour les yeux. On ne se lasse pas de lire et relire les albums, attendant impatiemment les passages aimés, la ruelle chinoise éclairée d’un lampion, les manigances scélérates de Mitsuhirato, ou l’attente salvatrice d’une éclipse de soleil dans un temple inca.
À qui profite la fin du monde ?
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Hergé continuera de travailler et fera paraître sous forme de bref feuilleton quotidien les aventures de Tintin dans le quotidien belge “Le Soir”.
Se pose alors la question de son antisémitisme, car le journal est un organe de propagande et de collaboration avec l’occupant.
D’ailleurs, le “méchant” de L’Étoile mystérieuse, publié à partir d’octobre 1941, est un banquier américain qu’Hergé nomme Blumenstein. N’oublions pas que nous sommes en pleine persécutions antijuives en Europe.
Dans les éditions plus tardives, Hergé changera ce nom en Bohlwinkel.
Deux cases parues dans Le Soir – expurgées plus tard de cet album – montraient des Juifs portant barbe, s’exprimant avec un fort accent yiddish, se frottant les mains en apprenant la fin du monde annoncée par un original.
Avec “Lévy” inscrit sur une vitrine, des nés crochus, des caftans longs, les oreilles décollées, et surtout, surtout, l’écœurant dialogue des personnages, se réjouissant de se débarrasser d’une dette chez un fournisseur, Hergé réussit à concentrer tous les stigmates possibles de l’antisémitisme, en un minimum de place.
Du grand art ! Et nous sommes en pleines déportations…

À la fin de la guerre, le dessinateur devra faire face à de vives critiques et répondre de ses actes. On l’accusera d’avoir travaillé pour le journal collaborationniste et il sera interdit de publication après la Libération de la Belgique en 1945, pendant un certain temps.
Pour sa défense, il soulignera s'être toujours efforcé de rester apolitique et d’avoir évité tout contenu engagé ou controversé. « Tintin est ailleurs », disait-il.
Et pourtant… Hergé était très fier que Tintin soit partout !
Traduit en 120 langues (un des ouvrages les plus traduits au monde), le dessinateur connaissait l’immense diffusion (et succès) de ses albums.
Tintin, brave petit héros au grand cœur, sans peur et sans reproches, qui sauve la veuve et l’orphelin, défie la mafia américaine et démantèle un réseau de trafiquants de drogue : oui.
Mais.








