La cour d’Angleterre au 16ème siècle, sous le règne d’Henri VIII… Oh la la !
Pas étonnant que les réalisateurs se soient régalés de centaines de versions cinématographiques ou télévisées – les anglaises, toujours excellentes – pour raconter cette fresque historique sans précédent.
Il y a donc 492 ans, jour pour jour, naissait celle qui deviendra la plus grande reine d’Angleterre : Élisabeth the First !!!
Une enfance de travers
Élisabeth perd sa maman, Anne Boleyn, à deux ans, que son papa, Henri VIII, a fait décapiter sans scrupules, après l’avoir « tant » aimée. D’ailleurs, ses nombreuses et successives femmes, toutes vouées à l’échafaud – et même pire –, inspireront le conte de « Barbe Bleue »:

« Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ??? »
La petite Élisabeth, qui commence du pied gauche dans la vie et à la cour de « papa-ogre », perd immédiatement son titre de princesse, puisqu’elle est désignée comme enfant illégitime d’une maman désormais honnie.
Il aurait fallu aujourd’hui une dizaine de pédopsychologues pour s’occuper de son cas…
Ceci-dit, Élisabeth monte sur le trône à 25 ans, contrairement à tous les pronostics : sa sœur décède prématurément et Élisabeth est réhabilitée au « poste de successeur » – où elle se trouve très bien… Elle règnera pendant presque 45 ans !
La jeune reine a appris la résilience (ambiance familiale oblige…), a du charisme, le sens du discours, sait se faire craindre et aimer – bien qu’elle ne se mariera jamais, pour éviter toute alliance territoriale et surtout pour rester l’épouse fidèle de l’Angleterre –, mène ses armées à la victoire (elle défait l’invincible Armada espagnole), force l’admiration de ses sujets à qui elle apporte la paix, et parvient à calmer les joutes intestines et religieuses de son pays.
Elle fut, c’est un fait, la plus grande Reine d’Angleterre, même si elle aussi fera souvent appel au service du bourreau, vilain héritage paternel…
Sa cousine, l’Écossaise Marie Stuart, en fera les frais, ainsi que son proche conseiller, le comte d’Essex.
Malheureusement, elle mettra également à mort son médecin privé, Sir Rodrigo Lopez, un Juif marrane.
Né au Portugal où il a étudié la médecine, il en est chassé par l’Inquisition, qui le soupçonne de pratiquer le judaïsme en cachette. Il émigre alors en Angleterre, et comme tous les médecins juifs, il se fait une belle clientèle, dont des courtisans.
Le bruit de ses talents médicaux arrive jusqu’à la reine, qui en fait son médecin privé.
Mais des intrigants rapporteront à la souveraine des bruits sur ses prétendues manigances avec des sujets espagnols – ennemis jurés –, avec lesquels il comploterait pour essayer de l’empoisonner. Élisabeth, peu convaincue, cédera cependant aux pressions de la cour et donnera l’ordre de mise à mort du Dr Lopez, de façon épouvantable.


Encore une histoire triste, s’il en est, d’un Juif qui réussit à se hisser jusqu’aux puissants, et attire le courroux des jaloux.
Sa judéité, même non avouée, comme une ombre, le poursuivra et le condamnera, puisqu’aux yeux des Gentils, il est et restera toujours un étranger qui ne pourra jamais être un véritable « fidèle » à la couronne et à son pays d’accueil.
La morale de l’histoire (et de l’Histoire) ?
Suivre le conseil de nos Sages : se faire tout petit pendant l’Exil, baisser la tête et attendre discrètement la venue de notre heure de gloire.
Qu’elle vienne vite ! Amen.





