C'est une maman juive qui ne sait plus communiquer avec son fils : leurs rapports sont vraiment très tendus, à tel point que, d'un commun accord, ils décident d'aller consulter le fils Rabinovitch, celui qui a fait psychiatre.
Après quelques séances de psychanalyse avec les deux protagonistes, le psychiatre dit à la mère juive : "Je vois ce qui se passe entre vous : votre fils a un complexe d’Œdipe."
Et la mère répond : "Un complexe ?! C'est pas grave ça. L'important, c'est qu'il aime sa mère."
Je suis fille de parents psychiatres et psychanalystes.
Sans caricaturer, enfant, si je faisais un dessin, on ne s'exclamait pas devant mon chef-d'œuvre, qui aurait pu coûter des millions (parce que quand on va dans les musées d’art contemporain, il y a de quoi se demander si ce n’est pas un enfant de trois ans qui a peint les toiles avec ses pieds !).
Donc au lieu du : « Ohhhhhhhhhhhhhhhhhh que c’est magniiiiiiiiiiiiifiiiiiiiiiiiiique !! On va l’accrocher ! C’est tellement beau ! », moi, sans rire, j’avais droit à : « Qu’as-tu voulu dire ? Cette main dessinée comme cela signifie-t-elle que tu es en colère ? »
C’est donc avec une logique imparable, sortie du moule parental, que j’ai étudié entre autres la criminologie et passé des UV de psychiatrie, avide de comprendre le fonctionnement humain.
Pourtant j’avais tout fait pour échapper à ce destin.
Moi psy ? Mais aucun rapport !
Surtout ne pas faire comme les parents, c’était mon leitmotiv d’enfant et d’ado rebelle ! Mais que faire ? Cette passion coule dans mes veines, c’est un fait.
J’ai fini par comprendre que cette blague juive résume des années de fac.
En vrai, nous avons tous besoin d’amour, et notre souffrance première, qui nous emprisonne inconsciemment, est soit un manque d'amour, soit un amour mal contenu. Sur le terrain, ça donne soit l'enfant rendu objet de son parent, soit l'enfant carencé de besoins fondamentaux. Tous deux vivent une blessure narcissique, et une fois adulte, les relations saines à autrui sont compromises par un rapport difficile à la frustration, au don de soi, à l’altérité...
Un jour, un jeune homme a dit au Rabbi de Kotzk : « J'aime le poisson. »
Le Rav lui a répondu : « Tu as enlevé le poisson de l'eau, tu l'as fait bouillir, tué et mangé par amour ?! Tu n’aimes pas le poisson mais toi-même ! Tu aimes la saveur du poisson en le mangeant. »
On n’aime pas le poisson, on aime le manger !
En s'investissant, en donnant, on met une part de soi en l'autre, et ainsi on peut véritablement l'aimer, nous dit Rav Dessler.
Voici ma petite réflexion du jour en regardant mon petit ange, espérant lui donner un bon et véritable amour, et surtout en essayant de m’aimer moi-même.
Alors même si souvent en rigolant je dis à ma fille : "le principal, c'est que tu saches dire : maman, je t'aime...", j'espère de tout cœur que tu aies un bon développement, que je sache écouter, comprendre et donner de la meilleure façon.
Je t'aime, ma fille.
La Maman de Sheyna





