De quoi ce peuple est il donc fait, pour tenir bon devant les secousses de haute et basse tension qu'il traverse ?
Comment fait-il pour ne pas se désintégrer devant l’intensité de charges émotives extrêmes, provoquées par le retour d’un être aimé, d’un fils, d’un père, après 738 jours d’incertitude dévorante ?
Il faut, pour cela c’est sûr, être entouré d’une matière isolante, qui absorbe et attenue cette déflagration affective, sans laquelle on risque d'être emporté vers la folie, déstabilisé par un choc trop violent.
La capitonnage qui nous protège de cet ascenseur émotionnel, c’est la foi — Émouna. Elle seule peut amortir ce que le cœur ne peut plus contenir, et le convertir en prière.
Bar Kupperstein, 23 ans, otage libéré, casquette, Tsitsit jusqu’aux genoux, amaigri mais souriant, explique au Ministre de la Défense, Israël Katz qui est venu le saluer : « Après 2 ans de tant de maltraitance, de tant de mal, je dois m’habituer à tant de bien, qui m’inonde de toutes parts. Il faut que je m’habitue… »
Lors du cérémonial de la petite phrase sur le tableau, écrite dans l’hélicoptère du retour, Bar avait déjà dit : « Ezé Tov Hachem — que D.ieu est bon ».

Pour passer par ces extrêmes, Bar, comme sa maman, possède une arme de résilience et de résistance : la Émouna.
Mais si la foi est le garde-fou de la santé mentale devant des déflagrations dramatiques, elle constitue également la matière première de l'espoir.
Rav Avi Ohana raconte dans une interview bouleversante, la force que donne la foi, et ce qui a soutenu son fils durant deux ans dans le trou obscur des tunnels du 'Hamas :
« La famille et la foi — c’est cela qui l’a sauvé. Ce miracle, c’est quelque chose au-delà de la nature. C’est inexplicable. Je ne peux que dire “merci à Hachem” toute la journée. Pendant deux ans, je n’ai pas dormi de douleur — maintenant je ne dors plus de joie ».
Il raconte qu’après la signature de l’accord de libération, son fils fut descendu, avec environ sept autres otages, dans un trou étroit et profond.
« Ils ne pouvaient pas s’asseoir, seulement se tenir debout et s’appuyer contre le mur. Il n’y avait pas d’air. Rien que cela aurait pu les tuer, à D.ieu ne plaise. C’était vraiment “Yossef fut jeté dans la fosse”. Yossef dans le trou. »
Selon lui, seul celui qui croit, peut comprendre l’ampleur de la miséricorde :
« Nous faisons face à la descendance d’'Amalek, à une cruauté sans limites. Mais le Saint Béni Soit-Il ne nous a pas abandonnés. »
« Mon psychologue, c’était Rabbi Chim'on bar Yo'haï »
Le Rav Ohana décrit aussi sa propre épreuve au fil de ces deux années :
« Je ne suis allé ni chez un psychologue ni chez un psychiatre. Mon psychologue, c’était Rabbi Chim'on bar Yo'haï. Quand c’était trop dur, j’allais au Kotel, sur les tombes des Justes, et je criais vers Hachem du fond du cœur. »
Le jour du 7 octobre, en apprenant que son fils avait été pris en otage, il s’est dit :
« Maître du monde, merci qu’il soit vivant et qu’il n’ait pas été tué. J’ai vu des vidéos : ils avaient déjà pointé leur arme sur lui, et à la dernière seconde ils ont changé d’avis et l’ont pris vivant. C’est un cadeau du Ciel. »
Le Rav Ohana tient à rappeler que le miracle de Yossef ‘Haïm n’est pas seulement personnel :
« C’est un miracle pour tout le peuple d’Israël. Chaque Juif qui a prié, chaque larme versée, fait partie de cette délivrance. Nous avons vu la Main de D.ieu. »

En conclusion, il ajoute :
« Qu’ai-je appris ? Que même quand tout semble perdu, rien ne l’est vraiment. Le Saint Béni Soit-Il n’oublie personne. Si Yossef ‘Haïm est sorti de la fosse, alors le peuple d’Israël sortira lui aussi. Nous serons tous délivrés, avec l’aide de D.ieu. »
‘Habakouk a résumé toute la Torah en un seul principe : « Et le juste vivra par sa foi. »
Environ 2600 ans avant notre époque — le prophète s’adresse à un peuple troublé par la montée de la violence et l’apparente injustice du monde. Il interroge D.ieu : pourquoi laisse-t-Il prospérer le mal ?
La réponse divine est brève et profonde :
"Le juste ne se définit pas par la force ni par la réussite, mais par la foi persévérante. Même quand tout vacille, quand la logique et la justice semblent absentes, la fidélité à Hachem et la confiance dans Sa direction deviennent la source même de la vie." (Makot 24a)
Que D.ieu ouvre nos cœurs à la foi, énergie vitale, protectrice et nourricière. Amen.





