J’ai découvert dans la sublime Paracha de Béréchit, celle-là même où le Créateur, dans un geste d’humilité et de générosité inconcevable, nous livre Ses « secrets de fabrication » (où ailleurs a-t-on vu un artisan révéler à ses clients ses recettes !!?), un segment terrifiant de véracité et de profondeur.
Il n'y a que ça dans nos Textes Saints, me direz-vous.
Par exemple, le passage du Serpent, ce gentleman-animal séducteur, monté sur deux pattes, à la gueule de saurien et à la peau d’écailles lisse et brillante, qui va causer le chaos du monde vierge et splendide de la Genèse.

Il y a aussi la scène de l’effroi d’une mère, ’Hava, et de son mari, Adam, devant le corps sans vie de leurs fils, que leur autre enfant vient d’assassiner, et qui, dans un désarroi total, ne savent que faire de sa dépouille encore chaude, allongée à terre.
Un quart de l’humanité vient de disparaître, et le couple pleure la faillite d’un monde qui aurait pu être parfait, créé sur mesure pour eux par D.ieu, pour leur bien-être spirituel et matériel, et que par leurs (mé)faits, ils ont soudain assombri.
Le Saint, béni soit-Il, invoque alors un corbeau, qui va enterrer un congénère devant eux : Adam et ’Hava comprendront par cet exemple comment, dorénavant, on doit s’occuper d’un mort (Pirké de Rabbi Eliézer, chap. 21).
Mais le passage terrific dont je vais vous parler est celui de la création de la Femme.
« Et D.ieu dit : "il n’est pas bon pour l’homme d’être seul ; Je vais lui faire une aide en face de lui – Kénegdo." »
Et l’on connaît tous le Rachi sur le mot « en face de lui – Kénegdo » :
« S’il est méritant, elle lui sera une aide ; s’il ne l’est pas, elle sera contre lui, pour le combattre. »
Et là, on se frotte les yeux : le saint Rachi a écrit méritant – Zakha au masculin singulier.
Il fait donc dépendre toute la responsabilité de la paix des foyers sur l’homme. Méritant (au masculin singulier !!!), tout se passera bien ; pas méritant, ce sera la guerre.
L’homme serait-il donc l'unique chef d’orchestre du couple ? Celui qui a, entre ses mains, la réussite de l’union ou sa faillite ?
On ose à peine le dire, même si le verset est on ne peut plus clair et le Rachi ne s’entend que d’une seule façon.
Messieurs, vous êtes les responsables !
Pas les coupables, mais les responsables de la bonne marche du couple.
La substance de cette réflexion se trouve déjà dans le verset, qui utilise (et certainement pas de façon arbitraire) le mot cinglant, claquant de Kénegdo - devant lui.
Pourquoi avoir choisi ce terme ?
Rachi nous le dit : ce mot a été choisi car il est ambivalent, à traduire par en face, comme aide ou contre, et prendra, selon le mérite de l’homme, la bonne déclinaison.
Cette réflexion est terrible, car les femmes se sont habituées, depuis qu’elles ont choisi l’émancipation, à partager tous les rôles avec leurs conjoints, fifty-fifty, et à ne plus leur laisser les rênes de quoi que ce soit.
Il en ressort que dans la bonne marche du couple, elles ont empiété sur des plates-bandes qui ne sont pas de leur ressort.
Si on lit le Texte avec justesse, on peut enfin "lui mettre toute la responsabilité sur le dos", mais...
Soyons cohérentes ! Cela nous engage, à nous les femmes, à faire un pas en arrière dans la gérance des affaires conjugales et autres. Donnant, donnant.
Eux, la responsabilité du bon fonctionnement du couple, et nous, un peu de discrétion, et un retour à un bon positionnement !
Dans les cours de « bon ménage près de chez vous », on craint de signaler la responsabilité unique et pesante de l'homme dans l'histoire du couple, de peur que nous n’apprenions que tout est entre ses mains à lui.
On risquerait (c’est évident...) d'en abuser et d’en faire mauvais usage.
Merci pour la confiance... !
Mais, mesdames (et moi avec), sachons-le : on ne peut pas à la fois demander aux hommes de nous faire de la place, d’être attentifs au moindre de nos besoins, de lâcher du lest, de comprendre que le MLF est passé par là, et dans le même temps, exiger d'eux de déplacer des montagnes et de faire leur rôle, celui de ministre des affaires étrangères, avec force et virilité.
Il faut choisir.
Cessons d'exiger une chose et son contraire.
Tout est entre ses mains, Zakha !
Ça aussi on va leur prendre ?






