Un beau matin, on vient au monde, et... la solitude commence !

Le message de Souccot est universel et parle de la précarité de la condition humaine.

Poussière dans l'immensité cosmique, brin de paille dans l'univers, livrés à nous-mêmes, exposés à tous les vents, nous sommes et restons nus devant les aléas de la vie, contre lesquels on ne peut rien.

On a beau amasser et engranger des biens tout au long du chemin, dans des entrepôts sécurisés appelés "banques", faire des placements judicieux censés nous mettre à l'abri des coups de grisou, se construire des pavillons-forteresses sous surveillance 24h/24, l'homme reste l'habitant désemparé, démuni, désarmé, d'une Soucca fragile, sachant que demain, elle peut s’effondrer ou se disloquer.

Cette angoisse existentielle est entièrement humaine et propre à notre espèce : les animaux ne la connaissent pas.


Le seul qui puisse traverser la vie avec calme et confiance, se sachant protégé, c’est le croyant.

Pour lui, le concept de l’Homme propriétaire des lieux, souverain et tout-puissant, situé au sommet de la pyramide et n’ayant de compte à rendre à personne, n’est pas jouable.

Il faut changer de mouvement de caméra, opérer un zoom out, élargir le champ de vision, et reconnaitre que l’être humain est une créature –ce qui sous entend un créateur-, se mouvant dans l’espace de Quelqu’un d’autre.

Placé ici-bas pour un rôle spécifique et singulier à chacun, l'humain a certes perdu de sa superbe, mais d’un autre côté, il n’est plus seul. C’est le prix à payer.

Et l’on y gagne tellement en paix, en calme intérieur. Rien n’est plus laissé au hasard des courants d'air de la vie, car une Entité Une, suprêmement Bienveillante, nous accompagne, aplanit le chemin et contrôle tout.


La fête de Souccot, et la manière dont nous la célébrons depuis des millénaires, vient poser LA question ultime : sommes-nous ici-bas les "patrons", ou de simples locataires ?

Et ce message s’adresse à chaque homme sur terre.

Le peuple juif, champion des travaux pratiques, a été désigné par le Très-Haut (grâce aux mérites de ses Pères) pour dire à l’humanité que nous ne sommes pas seuls sur terre, abandonnés à notre sort.

C’est donc lui qui, en plein XXIème siècle, au cœur de l’urbanisme de Manhattan —  ne laissant, à priori, aucune fissure à la transcendance — va construire de frêles cabanes et déclarer :
« Qu’on ne s’y trompe pas, ce monde est une Soucca éphémère, dans laquelle nous avons été invités. »

Souccot: propriétaire ou locataire?

Certaines Nations nous remercient de porter encore ce message ; d’autres nous haïssent d’oser ébranler l’hégémonie de cette époque-matière.


Demain, espérons-le, les nôtres seront chez eux, at home, a casa, habayta — mots magiques et rassurants.

Que nos otages, enfin de retour, se reposent dans un lit fait, dans la douceur de draps propres, dans la chaleur de leurs familles, et que cicatrisent au plus vite les blessures du corps et de l’âme que deux années d’incarcération leur ont infligées.

Et plus tard, lorsqu’ils auront repris des forces, ils viendront nous raconter ô combien notre Soucca est précaire et fragile... et sur Qui ils ont réellement pu compter. 

Sukkot