On nous dit que le Roi est dans les champs, que tout le monde peut Lui parler, pas besoin de demander une audience extraordinaire, pas besoin de faire la queue, d’attendre notre tour au téléphone, en écoutant une musique exaspérante, pas besoin de passer le barrage d’une secrétaire intraitable, qui – on le sait très bien – ne transmettra jamais le message au PDG.

« Le Bonheur est dans le Pré, cours-y vite… »

Eloul est là, bien installé depuis trois semaines, si précieux.

Mais qu’en faire ? Comment le saisir ?
Se renforcer, nous dit-on. C’est si vague…
Monter, nous dit-on. Mais monter où ? Jusqu’au Trône céleste ?
Pauvres humains que nous sommes, ne serait-ce pas un peu prétentieux d’aspirer à tant de hauteurs ?
L’alpinisme, aux chutes si douloureuses, est-il vraiment le bon chemin ? 

« Le Bonheur est dans le Pré, cours-y vite… »


L’immense Reb Oucher (Rav Acher Freund) fut une personnalité unique de Jérusalem, qui recevait les paumés et les oubliés de la terre avec la même révérence que les Admourim qui cherchaient avidement sa proximité.

Il réinventa la notion de « 'Hessed » et lui, le premier, fonda la gigantesque chaîne d’aide aux nécessiteux « Yad Ezra », et donna à des milliers de Juifs un « Dérekh », une voie à suivre dans le service divin, praticable par tous.

« Le Bonheur est dans le Pré, cours-y vite… »« Le Bonheur est dans le Pré, cours-y vite… »

Un jour, un fidèle, vraisemblablement abattu par un évènement, lui demanda de dire un petit mot de « 'Hizouk » – de renforcement.
Et Reb Oucher de répondre : « Qu’est-ce que c’est, un 'Hizouk'Hizouk, c’est du bluff… ! », laissant son interlocuteur perplexe.
Et d’expliquer :
« Le Très-Haut désire qu’un homme fasse Téchouva et Il lui donne une petite claque, une petite chiquenaude, pour qu’il vacille, se brise et revienne à Lui.

Comme il est dit: "« Tu ramènes le mortel à l’écrasement, et Tu dis : Revenez, enfants des hommes. » (Psaume 90:3)

Mais l’homme pense qu’il ne faut surtout pas se briser, que c’est interdit, qu’il faut se débattre, surmonter. Donc, il se renforce, ne se brise pas et passe à coté du message envoyé et ne fait pas Téchouva.

Et à nouveau une vague arrive. Et à nouveau, « il se renforce ». Et cette fois, un coup plus fort encore s'abat, qui met notre homme à plat. Il est brisé.

Enfin, il va s'adresser au Seul qui puisse l'aider.

Un ami arrive alors, le voit dans cet état et lui dit :
« Surtout, ne te brise pas, renforce-toi ! »

Et Reb Oucher de demander : « Dis-moi, c’est un ami qui donne ce conseil, ou c’est le pire des ennemis, car notre homme va à nouveau se relever et à nouveau "recevoir"...  »
Et de conclure : « Bien sûr qu’il faut se briser !!! Mais pas se briser devant le Satan et tomber dans ses griffes, c’est-à-dire dans la déprime, la dépression, le néant, la paresse et le désespoir. On doit se briser devant Lui et avouer: "Ribono Chel Olam, Maitre du Monde! Je sais que l'épreuve vient de Toi et que Tu m'appelles de tout Ton Amour, mais moi, je ne sais pas comment revenir vers Toi, alors je Te demande, montre moi le chemin et ramène moi vers Toi."


Le saint Reb Oucher, pilier de compassion et de bonté, n’avait pas peur de refuser les phrases et les concepts prêt-à-porter, que chaque année on ressort du placard mais qui restent flous et impossibles à vivre.

Il ne craignait pas d’enlever les couches superficielles de piété, et demandait un travail concret, à savoir, faire un pas en arrière, lâcher prise et enfin Le laisser entrer dans nos vies, concrètement.


Comment et où rencontrer le Roi, pratiquement, ici-bas, dans les dix jours à venir ?
Tout d’abord, en descendant du piédestal de nos certitudes et en se rendant au « feld », au champ, endroit accessible, qui n'exige ni d’escalader des montagnes ni de traverser des océans. Juste sortir de la maison, à deux pas de chez nous.

Le champ, si simple, si spontané, si naturel, nous invite à une promenade loin des constructions intellectuelles sophistiquées, des mots vides de sens, de l’implacable déterminisme de l’arbre de la Connaissance qui croit tout savoir, qui anticipe et fait tomber le couperet du désespoir.

« Le Bonheur est dans le Pré, cours-y vite, cours-y vite… Le Bonheur est dans le Pré, cours-y vite, -sinon- il va filer… » 

« Le Bonheur est dans le Pré, cours-y vite… »