La Torah nous demande, devant les événements qui nous arrivent et qui nous touchent, comme dans le cas de l’épidémie du corona, de faire notre introspection (cf. Maïmonide, début des lois de Ta’aniot). Ce travail n’est pas évident, car nous avons tendance à refuser de voir nos propres défauts et reconnaître nos fautes, et cette descente dans les « tréfonds » de notre être n’est pas chose aisée. Avec le temps, nous avons posé, comme carapace de protection, des garde-fous, des barrières psychologiques, qui justifient nos comportements pour éviter de trop difficiles remises en question.  

Mais L’Eternel va nous donner « un coup de pouce » afin de réaliser cette introspection en nous envoyant des épreuves ou des événements au travers desquels nous reconnaîtrons nos égarements ; cela grâce à la règle du Mida Kenegued Mida (« mesure pour mesure »). La Torah nous donne un exemple frappant de ce principe : le Métsora’ (sorte de lépreux), après l’apparition de sa plaie, doit quitter sa maison et son entourage pour vivre seul en dehors du camp. Il a le temps de réfléchir et de se demander pourquoi il se retrouve isolé et séparé de ses proches. A ce moment, il se rappellera avoir prononcé des propos de médisance (Lachone Hara’) sur autrui et que ses paroles ont provoqué le vide et l’éloignement autour de la personne sur laquelle ces propos ont été tenus. C’est donc pour cela que lui aussi s’est vu éloigné des siens.

Mais les choses ne sont pas si simples, car encore faut il savoir bien décoder ces messages du Ciel et ne pas les interpréter de façon erronée. Le Rav ‘Haim Chmoulevitch – Roch Yechivat Mir – racontait  à ce propos le fait véridique d’une femme qui avait refusé une proposition de mariage pour sa fille. Le prétendant était un excellent élève de Yéchiva mais il avait un petit défaut corporel au niveau de sa jambe, ce qui lui causait un boitillement. Un matin, en apportant un café au lait à son mari, cette femme trébucha et se cassa une jambe. Sa réaction fut de prétendre que cela lui été arrivé car elle avait apporté à boire à son époux avant la prière, ce qui est interdit. Evidemment, son explication était fausse - son mari, homme âgé, aurait eu la permission de boire ce café - alors qu’elle passa complètement à côté de la vraie raison de sa chute : elle avait fait rater à sa fille un excellent parti pour un handicap orthopédique. 

Quelle est donc la solution à notre problématique, c'est-à-dire comment savoir exactement sur quoi faire Téchouva et lire correctement les évènements de notre vie ?

La réponse se trouve dans le commentaire de Rachi sur le début de la Paracha de Chela’h Lekha : « Les explorateurs ont vu la punition qu’a subie Myriam pour avoir dit du Lachone Hara’ sur son frère Moché, et ils n’en ont pas tiré des conclusions ». En observant les événements qui nous sont extérieurs, nous pouvons en tirer les conclusions qui nous concernent. Devant nous, en tant que spectateurs - c’est-à-dire de façon détachée et moins impliquée que si nous étions les acteurs -, D.ieu déplie la toile sur laquelle Il va projeter le message qu’Il veut nous transmettre. Le Ba’al Chem Tov nous rapporte que tous les événements auxquels nous assistons sont porteurs de message parfaitement ciblés pour nous. 

Plus que cela, au sein même d’un couple, le comportement de chacun représente une leçon pour le conjoint. Si nous sommes agacés par une attitude, c’est parce qu’au fond de nous-mêmes se trouve ce même défaut qu’on essaie d’étouffer. Si vous êtes totalement dénué, par exemple, de « petitesse », jamais vous ne la remarquerez chez l’autre ; alors que si vous en avez, même un tant soit peu, vous la décèlerez immédiatement chez l’autre. Or l’homme est descendu sur terre pour se parfaire, et le miroir de nous-mêmes c’est notre conjoint. Pas besoin de chercher très loin, D.ieu, Roi des rois, nous a conduits sous la ‘Houpa (dais nuptial) avec cette femme qui ne va pas seulement être notre compagne pour la vie et la mère de notre progéniture, mais va jouer aussi le rôle unique de miroir et nous aider à nous réaliser.

Seul un Etre Suprême pouvait accomplir un tel prodige, à savoir nous présenter le reflet de notre comportement à travers notre moitié. Cette optique nous permet également de prendre du recul, de nous apaiser et de cesser d’en vouloir à l’autre : puisqu’au fond, ce n’est que de moi-même que je m’occupe.  

Maintenant que nous possédons cet « outil » si précis à porté de main qui nous permet de prendre conscience de nos défauts et d’affiner notre caractère, mettons-nous au travail. Bonne réussite à nous tous !