Dans la tradition juive, le monde a une temporalité – un début et une fin, une histoire que la Torah relate. Tantôt dans le berceau de l’humanité en Eden, vers l’âge de bronze à la sortie d’Egypte ou encore en exil à Rome, le texte nous balade au travers des chroniques d’une pièce où les actes qui s’y jouent sont soigneusement pré consignées. Le livre révèle également les derniers chapitres de cette épopée humaine - la fin des temps. Il décrit l’aventure du peuple qui a le rôle principal dans cette pièce, le propulsant vers un destin hors norme, tout à fait imprévisible.

Lorsque D.ieu écrit la suite des événements

Le texte fait lieu en dernier acte d’un retournement de situation digne d’un vaudeville éclatant, il prédit que l’acteur principal abandonnera son rôle, puis contre toute attente le reprendra de façon tout aussi inattendu.

Suivons les rebondissements de ce dernier chapitre.

Le texte prévoit : « Quand tu engendreras des fils et des filles, vous vieillirez dans le pays, vous vous corromprez, vous ferez des sculptures, images de tout, vous ferez le mal aux yeux d’Hachem, ton D.ieu, pour le mettre en colère » (Deutéronome 4, 25)

Lui qui avait pour rôle de n’avoir point « d’autres dieux que Moi » ou encore de « ne faire aucun travail le septième jour » (ibid. 5, 7, 14) se dessaisissait de son rôle et cessa de respecter les consignes transmises par ses pères. Le lien intergénérationnel visait à se rompre sous les yeux incrédules d’une humanité en perte de repaires après des siècles d’une hérédité ininterrompue. On a l’habitude d’associer le début de cette brèche historique avec la période de la Renaissance vers les années 1500 qui s’intensifiera par la suite avec l’influence des Lumières, autour du 19ème siècle et sa Haskala.

Quelque chose dans l’air

Ensuite, alors que l’environnement ambiant est à la matérialité idéologique, que les sciences et les arts sont les palliatifs du spirituel bravement chassés par les pionniers du progrès, le texte prédit que le premier rôle remontra sur scène dans son costume de héro « Dans ta détresse, te trouverons toutes ces choses, à la fin des temps, tu retourneras jusqu’à Hachem, tonD.ieu, tu écouteras Sa voix » (Ibid. 4 :30)

Sur le terrain, l’évidence est au rendez-vous avec les statistiques gouvernementales qui explosent dans le domaine du recensement des Baalé Téchouva – ceux qui reviennent à D.ieu. En 2016, l’Etat d’Israël en comptait plus de 267 000 (http://www.maane.info/pages/3198).

Le Central Bureau of Statitics, l’organisme national pour les statistiques en Israël estime quant à lui, que le taux de la population orthodoxe en 2065 sera de 6.78 millions d’individus, tout cela, sans compter les autres courants du judaïsme, tel que Habad, juif du courant sioniste, Breslev etc. qui ne sont pas représentés dans cette étude vers qui de nouveaux fidèles viennent enrichir les bancs chaque année. (file:///C:/Users/ADC/Documents/trends-in-joining-and-leaving-the-ultra-orthodox-sector.pdf)

Loin d’avoir fini de nous surprendre, le texte met en scène l’eschatologie étonnante de la reprise du rôle de l’acteur principale. Une poussée venue d’en haut serait l’entraineuse discrète de la remise à pied de notre héro déchu. Tel un souffle effleurant les corps, une onde fabuleuse et chétive se repend dans les cœurs, ouvrant des cavités endormies attisant du même coup la soif d’un sens oublié.

« Voici, des jours vont venir, dit le l’Eternel D.ieu, où j'enverrai de la famine dans le pays: ce ne sera ni la faim demandant du pain ni la soif de l'eau, mais le besoin d'entendre les paroles de l'Eternel. » (Amos 8, 11)

Le sens inverse des aiguilles d’une montre

Et là de façon tout à fait exceptionnelle, un nouveau mécanisme didactique se met alors en place, ce n’est plus les parents qui enseignent désormais les fondements de la foi à leurs enfants comme en fut la coutume, mais l’inverse. Le mouvement se fait dorénavant du bas vers le haut. 

« Lui ramènera le cœur des pères à leurs enfants, et le cœur des enfants à leurs pères » (Malachie 3, 24)

Les enfants sont ceux qui saisiront ce vide existentiel en toute première instance, en quête d’une véritable identité d’être, ils se refuseront à se plaire au schéma illusoire que la société leur propose – consommer pour être heureux. Ils exigeront d’y voir plus clair, enquêteront et fort de leur investigations, guideront leurs pères vers cette nouvel terre pleine d’espoir et de sens. Ce sont eux qui initieront une nouvelle trame de vie ainsi que de nouveaux enjeux à leurs parents éduqués aux valeurs d’une société laissant préséance au corps sur l’esprit.