QUESTION

Chalom Monsieur le Rabbin. Je me nomme Sarah. Je suis âgée de 60 ans, et je me porte bien habituellement. Ces dernières années, on parle beaucoup de différentes analyses médicales prescrites à des personnes âgées, à des fins de diagnostiquer chez eux de manière précoce différentes maladies. Ces analyses sont-elles obligatoires, ou bien pourrais-je m’en dispenser, et m’auto-appliquer le verset : « Sois intègre avec l’Éternel ton D.ieu » ?

RÉPONSE

Paix et bénédiction. L’importance de ces analyses est considérable. Elles permettent avec peu de désagrément de sauver des vies humaines, en dépit des plaintes émises contre ces analyses qui n'ont aucun fondement. C’est pourquoi c’est une grande Mitsva d’effectuer ces analyses périodiques recommandées par les médecins. Du fait de la gravité du sujet, on dressera dans cet article et dans le suivant, l’inventaire des critiques dirigées contre ces analyses. Sans oublier de mentionner l’approche des grands Maîtres de la Halakha à travers les générations, concernant ces thèmes. 

REPONSE DETAILLÉE

L’un des domaines les plus florissants de la médecine à l’heure actuelle est la médecine préventive. À travers l’activité remarquable déployée pour éduquer le public à mener une vie saine, mais aussi par le biais de la vaccination en général, nous découvrons de plus en plus d’inventions scientifiques et technologiques spécialisées dans le diagnostic précoce des maladies. Il faut savoir qu’un diagnostic précoce, tant du niveau de danger, que du niveau d'avancement d’une maladie déjà déclarée, peut s’avérer capital quant aux chances de guérison du patient, mais aussi quant aux chances d’éviter à la base la prolifération de la maladie. Il en va ainsi de certaines analyses (telles que mammographie ou coloscopie) destinées à diagnostiquer ou à prévenir certains types de cancers, ou bien l’analyse du niveau du risque de contracter le diabète, ou encore des analyses génétiques approfondies destinées à dévoiler les risques sur de larges éventails de pathologies.

En vérité, combien devons-nous louer l’Éternel d’un un tel développement de la médecine qui permet de sauver tant de vies ? À mon grand regret, il existe de nombreuses opinions erronées, principalement répandues auprès des Communautés juives pratiquantes, qui finissent par les dissuader d’avoir recours à ces analyses. C’est la raison pour laquelle il est important de les présenter brièvement, et d’expliquer en quoi ces allégations sont inexactes.

La première argumentation s’appuie sur ce qui est dit dans les Téhilim (116, 6) « Hachem protège [les gens] crédules ».

On trouve en plusieurs endroits du Talmud un type de comportement qui ignore sciemment un danger spécifique, au sujet duquel nos Sages ont dit : « Hachem protège [les gens] crédules », ce qui signifie qu’ Hachem protège ceux qui agissent dans Son Monde sans s’inquiéter du danger qui les guette. Il en va ainsi de celui qui subit une saignée le vendredi, ou bien de celui qui consomme des figues et des raisins la nuit et qui ne craint pas le danger de ''Guilouï'' [récipient découvert]. Le point commun entre tous ces cas est le comportement intègre et ordinaire de la personne dans son environnement, qui ne s’embarrasse pas outre mesure des risques que son comportement implique, tout en en étant conscient. 

Apparemment, il ressortirait de tout cela qu’il y aurait bien lieu d’affirmer qu’une personne qui vit normalement, et qui ne s’empresse pas d’effectuer de telles analyses, est protégée par Hachem du danger, et pourrait donc continuer de mener sa vie sans effectuer d’analyses.

Toutefois, ceci est erroné, et pour plusieurs raisons. 

L’auteur du Chémirat Chabbath Kehilkhata écrit qu’il faut distinguer entre deux types de conduite. D’une part, un mode de fonctionnement crédule par rapport aux événements que le monde ne considère pas comme dangereux, cas qui permet d'appliquer « Hachem protège [les gens] crédules », quand bien même faudrait-il faire face à une situation de danger. Et d’autre part, les actions que le monde considère comme dangereuses, et est au fait de la façon de les empêcher ; auxquels cas si malgré tout, l'on décide d’ignorer le danger, on ne pourra plus invoquer le dicton : « Hachem protège les [gens] crédules ».

Par ailleurs, le Tsafnat Paanéa'h a écrit que ce principe n’était applicable qu’aux dangers provenant de la nature de notre monde, et seulement à cette condition il serait permis de s’exposer à de tels dangers, sans obligation de les éviter (par exemple, nos Sages ont considéré toute naissance comme constituant un danger, et toute accouchée comme malade en état de danger pendant un certain nombre de jours après l’accouchement, alors que, bien entendu, il n’y a aucun interdit à tomber enceinte). En revanche, pour des événements indépendants de tous liens avec la nature, il sera obligatoire de les éviter, et à leur propos on ne pourra pas dire le dicton : « Hachem protège les [gens] crédules ».

Il ressort de tout cela, à l’évidence, qu'à propos des maladies graves non dictées par les lois de la nature, il en va de la responsabilité de chacun de tout faire pour les éviter.

Le ‘Ahiezer, pour sa part, écrit (Tome I Even Haezer, chapitre 23) que ce dicton « Hachem protège les [gens] crédules » ne s’applique que pour des dangers dont le niveau de dangerosité est faible et presque inexistant, tandis qu'un danger réel oblige à une réaction adéquate et requiert l’intervention humaine en vue de l’éviter.

Dans le prochain article nous nous intéresserons, avec l'aide de D.ieu au verset : « Sois intègre avec l’Éternel », ainsi qu’à son interprétation erronée fort répandue. 

Sources

Guémara Chabbath 129b ; 'Avoda Zara 30b ; Chémirat Chabbath Kehilkhata 31, 1 ; Tsafnat Paanéa’h, Béréchit, introduction, page 49 ; Responsa Ahi’ezer chapitre 23.

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Rav Israël Meir Malka - Centre Halakha et médecine