"J’ai posté une nouvelle photo, va la liker !" Cette phrase, si commune et apparemment anodine, peut pourtant révéler un déséquilibre dans notre relation à l’humilité. Ah bon ? Qu’est-ce qui ne va pas ? En fait, rechercher les likes, la gratification ou la validation des autres peut freiner notre modestie et parfois même gonfler notre ego à l’excès. Faut-il pour autant rejeter les compliments ? Pas forcément. Découvrons ensemble comment réagir face aux compliments tout en préservant un équilibre intérieur…

Nous vivons en société, et par définition, l’être humain cherche la validation de son entourage. Vous avez sûrement déjà observé ce jeune enfant qui, pour la première fois, réussit à descendre un toboggan. Sa mère, fière, l’applaudit à chaque descente. Ravi de ses prouesses, l’enfant remonte et redescend encore et encore, attendant chaque fois les encouragements de sa maman.

Les compliments et les encouragements nous élèvent et nous motivent. En grandissant, nous continuons à chercher cette gratification, qu’elle vienne de notre conjoint, de nos collègues ou de nos amis. Cette quête n’est pas en soi néfaste : au contraire, elle est un moteur qui nous pousse à avancer.

Toutefois, c’est ici que réside la subtilité. Le compliment doit être un "moteur" et non une excuse pour se reposer sur ses lauriers ou s’approprier tout le mérite. Prenons un exemple : vous organisez une chaîne de repas pour une amie qui vient d’accoucher. Tout le monde vous félicite pour cette belle initiative. Ces compliments sont comme un clin d’œil d’Hachem, vous disant : "Bravo, Ma fille, tu as accompli quelque chose de bien."

Mais l’erreur serait de penser : "C’est bon, j’ai fait ma bonne action, je suis extraordinaire, hyper organisée." Selon le Or’hot Tsadikim dans Cha’ar Ha’anava, une personne véritablement humble, lorsqu’on la complimente, reconnaît que sa réussite vient d’Hachem, qui l’a choisie pour accomplir cette Mitsva. Elle se rappelle que ses actions sont modestes et adaptées aux capacités qu’Hachem lui a données. Elle est d’ailleurs gênée par le compliment, cherche à l’éviter et le minimiser. 

D’ailleurs, il semble absurde de s’attribuer tous les mérites d’une action réussie : combien de personnes font exactement la même chose, mais l’une réussit et l’autre échoue ? Cela montre bien que nous n’avons pas les clés de la réussite entre nos mains. Il en va de même pour nos capacités intellectuelles ou physiques. Par exemple, quand on vous dit : “quels yeux magnifiques a ta fille !” ou bien “tu as une mémoire fantastique : comment fais-tu pour te rappeler de tout comme ça !?” 

Comment peut-on se sentir flattée lorsqu’on nous complimente de la sorte ? En réalité, c’est Hachem qui nous a dotées de ces capacités et qui peut les reprendre du jour au lendemain. Une simple visite à l’hôpital suffit à nous rappeler notre fragilité et à remettre les pendules à l’heure.

Il existe aussi un autre type de compliments qu’il faut éviter et corriger si l’on souhaite atteindre l’humilité : les compliments partiellement faux. Par exemple, vous avez cuisiné tout un Chabbath, mais acheté le dessert, et une amie invitée s’exclame : "Quel délice tout ce que tu as préparé, et ce dessert, un régal !" La bonne réaction dans ce cas est de préciser que vous n’avez pas fait le dessert vous-même. Cet exemple peut paraître évident, mais il existe des situations bien plus délicates où reconnaître la vérité à notre désavantage peut être difficile, que ce soit au travail, avec d’autres parents d’élèves ou dans des cercles sociaux.

En somme, une personne véritablement humble se sent comme un "imposteur" lorsqu'on la complimente, car elle sait que le mérite ne lui appartient pas entièrement. Elle cherche donc à réattribuer ce mérite à Hachem, qui donne les forces nécessaires pour accomplir tout ce que nous réalisons sur terre. Cela ne signifie pas qu’il faille vivre comme une "serpillière", en évitant toute gratification, mais bien de prendre conscience que Celui qui tire les ficelles n’est autre que notre Père céleste. C’est ainsi que nous atteindrons une véritable humilité.

Et puis, la vie est tellement plus belle quand on n’est pas tributaire du regard des autres et de leurs réactions, quand on sait Qui nous envoie tout... on se sent alors plus forte et l’humilité devient la véritable force. 

Inspiré des enseignements de Madame ‘Hanna Béhar - dans le cadre de ses cours sur le Or’hot Tsadikim - Cha’ar Ha’anava.