Découvrez la course-poursuite palpitante de Sophie en quête de son héritage, au cœur d'une enquête qui lui fera découvrir la beauté du judaïsme. Suspens, humour et sentiments... à suivre chaque mercredi !

Dans l’épisode précédent  : Sophie reçoit la confirmation que son grand-père avait peint une série de plusieurs tableaux, mais son enquête est au point mort et elle ne sait où chercher. Sans compter que depuis son retour, elle a la curieuse impression d’être suivie, jusqu’à ce qu’elle tombe sur cet homme qu’elle avait rencontré à Paris, M. Dorville...

Arrivée devant l’entrée de son hôtel après avoir quitté sa fille, Sophie eut de nouveau la curieuse sensation d’être suivie. Mais quand elle se retourna, cette fois-ci elle vit une silhouette se découper dans la nuit. Et cette silhouette s’approchait d’elle.

“Monsieur Dorville ! Mais que faites-vous ici ?”

Heureusement pour Sophie, elle avait une bonne mémoire visuelle et elle se souvenait avoir rencontré cet homme à Paris il y a quelques mois, il travaillait avec son grand-père, le vieux Léon Dorville, dans la galerie qui portait leur nom de famille et qui avait vendu le tableau de Shmulik Grinbaum à sa tante Ida dans les années 80. Elle se souvenait aussi que ce jeune homme s’était montré aussi antipathique, qu’agressif  ! Alors, s’il l’avait suivie jusqu’en Israël… peut-être qu’il faisait parti du réseau ! 

Elle eut soudain très peur et recula de quelques pas. 

  • “Non s’il vous plaît Madame Shapiro ! Excusez-moi  je ne voulais pas vous  effrayer.
  • Mais qu’est-ce que vous faîtes ici en Israël et surtout, pourquoi me suivez-vous ?!
  • Je suis en Israël pour livrer à nos clients des tableaux achetés dans la galerie de mon grand-père. Vous vous doutez qu’on n’allait pas les envoyer par la poste !
  • Décidément, vous n’avez pas perdu votre humour (vraiment, il lui tapait sur les nerfs ce Dorville) ! Et pourquoi me suivez-vous alors ?
  • Parce que...parce que j’ai cru vous reconnaître l’autre jour dans la rue, quand vous marchiez avec une jeune fille. 

Le ton de sa voix avait changé et perdu de sa certitude.

Je n’étais pas sûr que ce soit vous, mais je suis tombé sur vous par hasard une nouvelle fois ce soir et là je vous ai reconnue.

Soit c’est un criminel, soit c’est un fou, pensa Sophie. Mais dans les 2 cas, elle n’avait aucune intention de rester là plus longtemps.

  • Ok, vous m’avez reconnue, à croire que le monde est petit. Bonne continuation monsieur Dorville, je vous laisse il est  tard.
  • Non ne partez pas ! 

Ok, là c’est sûr c’est un fou, se dit Sophie. Il n’avait aucune raison valable de la retenir. Et bien sûr la rue était déserte, que faire ?

  • Mme Shapiro, regardez, je vous ai aperçue par hasard dans la rue l’autre jour, mais je me suis dit que le hasard faisait bien les choses. Parce que je dois vous dire que depuis votre passage chez mon grand-père j’ai beaucoup pensé à votre histoire et j’avais besoin  de vous parler de ça.
  • Vous êtes sérieux ? 
  • Oui, bien sûr, pourquoi ? 
  • (Parce que vous m’avez l’air d’un fou) Parce que tout ceci paraît fou.
  • Je me doute. Quand vous êtes venue poser des questions à mon grand-père, je faisais un grand travail d’archivage des documents de la galerie. Vous souvenez que mon grand-père a toujours tout noté à la main pendant plus de 50 ans ?
  • Oui.

Sophie sourit en repensant aux piles de papier que le vieil homme lui avait sorties.

  • Après votre départ, mon grand-père m’a raconté vos recherches et ça m’a beaucoup intrigué. Une journaliste qui s’évapore, une vieille dame à la recherche du tableau de son père disparu… j’avais entendu des rumeurs sur les spoliations pendant la guerre et je ne pouvais pas croire que la galerie Dorville puisse y être mêlée...mais il y a certaines choses que vous devez savoir.

Alors Sophie lui proposa de continuer la conversation dans le lobby de l’hôtel, plutôt que de rester plantés au milieu de la rue.

Une fois installés, le jeune galeriste reprit rapidement son récit. 

  • En parcourant les archives de la galerie, je me suis mis à rechercher l’origine du tableau : comment était-il arrivé dans la galerie ? J’ai été très choqué quand je suis tombée sur un acte de vente datant de 1944 avec le nom du vendeur : Hildebrand Gurlitt…
  • Je m’excuse mais ce nom ne me dit rien, confessa Sophie. 
  • Comment ? Mais Hildebrand Gurlitt était LE marchand d’art nazi le plus notoire pendant la seconde guerre mondiale. Et c’est lui qui a vendu le tableau à mon grand-père.
  • Oh… ce que vous essayez de me dire, c’est que…
  • Oui. Le jeune Dorville baissa la tête, honteux. Le silence se fit. 

Sophie venait de comprendre que le vieux Léon Dorville avait acheté le tableau de son grand-père au marchand d’art nazi. Il avait participé de son plein gré à la spoliation des oeuvres d’art juives. Elle observa le jeune homme et elle comprit.

  • Monsieur Dorville, je crois deviner que si vous me dites tout ça, c’est parce que vous culpabilisez pour les actions passées de votre grand-père ?
  • Oui c’est exactement ça. Je suis écoeuré de savoir que la fortune de ma famille s’est faite sur la misère des victimes juives. J’aurais voulu confronter mon grand-père, mais il est tellement vieux, je n’ose pas et en même temps je lui en veux. Voilà pourquoi je me suis porté volontaire pour venir apporter les tableaux en Israël : j’avais besoin de m’éloigner un peu. 

Sophie, soudain touchée par la peine de cet homme en face d’elle ne comprenait que trop bien la complexité de l’héritage familial. 

  • Tout à l’heure vous avez dit que vous m’avez retrouvée par hasard dans la rue. Mais sâchez que dans le Judaïsme, le hasard n’existe pas. Tout est lié, comme les pièces d’un puzzle qui s'emboîtent parfaitement. Nous devions nous revoir pour que vous puissiez me donner ces informations. Parce que jusqu’à maintenant mon enquête était au point mort… jusqu’à notre rencontre ! On ne sait pas ce qui a motivé votre grand-père à collaborer avec ce nazi, et ça c’est le libre-arbitre : notre propre décision d’agir pour le bien ou le mal. Peut-être que votre grand-père a très mal agi, mais vous avez fait votre propre choix et vous l’avez prouvé ce soir en me proposant votre aide.

Le lendemain en début de soirée, Sophie avait rendez-vous chez la Rabbanite Margalite, dans le quartier de Bayit Vagan à Jérusalem. Quand elle l’avait appelée le matin-même pour lui raconter le nouveau rebondissement, la Rabbanite avait pensé qu’une réunion de groupe s’imposait.

Sophie retrouva donc le Rav et la Rabbanite, mais aussi, la cousine Iréna, toujours en convalescence chez la Rabbanite, Yoël Kissler et Guillaume Dorville.

Ce rassemblement était plutôt inattendu, mais le Rav expliqua au petit comité qu’il était temps de réfléchir tous ensemble pour trouver un dénouement sur cette recherche de tableaux, qui était plus importante et complexe qu’il n’y avait paru au début.

Chacun à son tour raconta les informations qu’il avait recueillies et le Rav écouta avec beaucoup d’attention le récit de Guillaume Dorville.  

Yoël Kissler, en tant qu’ancien galeriste confia sa certitude que les tableaux existaient toujours quelque part et qu’ils devaient être entre les mains des anciens contacts nazis de Hildebrand Gurlitt.

Le silence se fit. Personne ne savait comment remonter cette piste. Comment retrouver une piste nazie des décennies après la spoliation ? C’était une véritable impasse et tout le monde dans la petite pièce était en train d’accuser le coup.

Le Rav se leva de son fauteuil et se mit à marcher en direction de la fenêtre. Sophie vit qu’il murmurait quelque chose, mais impossible d’entendre un son. Après quelques minutes, figé à fixer dehors par la fenêtre, le Rav se retourna et demanda avec beaucoup de douceur : 

“- Monsieur Dorville, quand vous avez retrouvé l’acte de vente du tableau de Shmulik Grinbaum, vous avez dit avoir trouvé les informations remplies par Hildebrand Gurlitt ?

  • C’est exact.
  • Vous souvenez-vous s’il avait fourni une adresse ?
  • Je ne m’en souviens plus...attendez, j’ai pris mon ordinateur portable avec moi, je vais consulter dans les archives.

Pendant que tout le monde se pressait avec curiosité autour de l’ordinateur de Monsieur Dorville, Sophie rejoignit le Rav et lui demanda : 

“ - Rav, excusez ma curiosité, mais je vous ai vu murmurer quelque chose tout à l’heure avant de questionner Guillaume Dorville. Y’avait-il une prière particulière à réciter à ce moment ? 

  • Ma chère Dvora, permettez-moi à présent de vous appeler par votre nom hébraïque, vous avez l’oeil aiguisé. En effet je priais. Je faisais une prière personnelle et je demandais à Hachem en qui j’ai placé toute ma confiance de m’aider à voir ce qui est caché et de me donner l’intelligence de comprendre toutes ces informations reçues. Car il ne faut jamais s’enorgueillir d’être intelligent, ce n’est qu’un outil que D.ieu dans Sa grande bonté nous met entre les mains.
  • Je n’avais jamais vu les traits de caractère sous cet angle, merci Rav, je comprends mieux maintenant.”

Au même instant, Guillaume Dorville s’adressa au Rav : 

  • J’ai trouvé une adresse Monsieur le Rabbin ! Il s’agit d’une galerie d’art située à Munich.
  • Voilà l’information qui vous manquait, répondit le Rav, puis il se tourna vers Sophie-Dvora et lui dit :
  • Voici votre prochaine destination. La clé de votre enquête se trouve dans cette galerie....

La suite la semaine prochaine...