La grandeur de Avraham Avinou, le père de la nation juive, nous ne la voyons pas seulement quand il est éprouvé et qu'il fait face aux épreuves de façon magistrale. Nous la voyons aussi dans les moindres détails de son comportement. En effet, à la suite de l’ordre d’Hachem, il quitte le pays de son enfance, la maison de son père, vers l'inconnu, comme il est écrit : « Éloigne-toi de ton  pays, de ton lieu natal et de la maison paternelle, et va au pays que Je t’indiquerai » [1].

Il s'en va, en laissant derrière lui son magnifique empire de conversion des idolâtres de sa génération et en faisant preuve d'une totale confiance en Hachem, son Créateur. En se dirigeant vers l’Égypte, après avoir rencontré la famine en terre de Canaan, il dit à Saraï son épouse :  « Certes, je sais que tu es une femme au gracieux visage. Il arrivera que lorsque les Égyptiens te verront, ils diront : c'est sa femme et ils me tueront et ils te conserveront la vie. Dis je te prie que tu es ma sœur, et je serai heureux par toi, j'aurai grâce à toi la vie sauve ».

L’humilité d’Avraham Avinou : reconnue dans ses paroles !

Avraham est en danger de mort, il sait qu'il arrive dans un pays où les habitants sont pervers et sont capables de le mettre à mort pour s'approprier Saraï qui était d'une grande beauté.

De quelle manière formule-t-il sa demande ? Il ne lui dit pas : « Dis que tu es ma sœur, pour ton bien… » Dans sa formulation, il lui fait passer un autre message : je t'en prie, j’ai besoin de ton aide. Si tu dis que tu es ma sœur, alors je serai sauvé grâce à toi !

Le Rav Lior Sibi, dans son livre « Chalom 'Alekhem » nous dit que de la demande de Avraham Avinou, nous pouvons tirer un enseignement essentiel dans notre vie conjugale.

Lorsque l'on vient demander quelque chose à notre conjoint, il faut le faire de manière à ce qu'il consente à le faire de plein gré et pas parce qu'il se sent obligé de le faire. En d'autres termes, il faut éveiller en lui une volonté intérieure. D'ailleurs, le Rav Sim’ha Cohen nous enseigne que faire par obligation développe dans le cœur du donneur de l'animosité.

Alors, comment agir pour que nos demandes constituent des moyens de nous rapprocher et pas au contraire de nous éloigner ?

Il faut savoir que notre conjoint a besoin de sentir que l'on vient vers lui avec humilité. Cela sera ressenti dans notre façon de formuler notre demande.

Avraham dit à Saraï deux choses :

1- « Dis, je te prie que tu es ma sœur » : il emploie des paroles douces en la priant d'accomplir sa volonté.

Le roi Salomon, le plus intelligent de tous les êtres, nous dit que « même une personne têtue comme un os fond lorsque l’on s'adresse à lui avec douceur ».

2- « Je serai heureux par toi, j'aurai grâce à toi la vie sauve ». Autrement dit : « j'ai besoin de ton aide », et non « je veux que… ». Il donne à Saraï le sentiment que sans elle, il ne s'en sortira pas (tu es ma sauveuse !).

Ces 2 points essentiels viennent nourrir chez l'accomplisseur de la demande son besoin majeur : celui d'être estimé. En effet, selon le Rambam, le besoin le plus fort de l'homme est l'estime de son entourage.

Il est tellement plus encourageant d'écouter : « Tu pourrais s'il te plaît m'aider à laver la vaisselle, ça me soulagerait beaucoup ! », plutôt que : « Fais la vaisselle, tout déborde dans l'évier ! ». Et ensuite, ne pas oublier de remercier : « Merci infiniment, vraiment tu es arrivé au bon moment, je n'avais pas la force de me tenir sur mes jambes ! »

Ou encore : « Tu penses que tu auras le temps de me préparer un sandwich ? Cela me donnera des forces pour mon étude ! », plutôt que : « Fais-moi un sandwich, je suis pressé, je dois partir ».

C'est d’ailleurs ce qu'a fait Ya'acov Avinou après qu’Hachem lui est apparu et lui demanda de quitter la maison de Lavan, son beau-père.

S’est-il présenté à ses épouses Ra’hel et Léa en leur disant : « Hachem s’est revélé à moi et m’a demandé de partir. Alors, on y va ! » ?

Pas du tout… Ya'acov a décidé de prendre un autre chemin. Il préféra leur décrire longuement ses années de souffrance chez Lavan pour éveiller en elles un consentement sincère de quitter la maison de leur père et qu'elles ne soient pas contraintes de le faire (comme nous l’enseigne le Chla Hakadoch).

Le secret de l’éducation : l’encouragement

De la même manière, en tant que parents, nous avons le devoir de donner envie à nos enfants de faire les Mitsvot et d’étudier la Torah.

L'objectif de l'éducation est que l'enfant choisisse de faire le bien et non pas qu'il le fasse machinalement ou parce qu'il est obligé de le faire par peur de la punition par exemple.

On parviendra à mettre nos enfants sur les rails dans le but de servir Hachem avec joie par le moyen de l'encouragement en ajoutant à nos demandes des mots qui les motiveront et qui les rempliront de satisfaction personnelle.

Hachem nous fait confiance à nous les femmes, pour faire bonne utilisation du cadeau magnifique qu'il nous a donné : neuf mesures de paroles qui nous permettront de construire une maison pleine de lumière et de sérénité. Amen !

Chabbath Chalom à toutes !

 

[1] Béréchit, chap. 12 verset 1