Question 

Chalom Kavod Harav,

Je prends garde à ne pas toucher les femmes, mais parfois je suis confronté à des situations où je me sens mal à l’aise de devoir l’éviter, par exemple, lorsque ma vieille voisine ou une femme malvoyante me demande de l’aider à traverser la route. Ou bien encore, lorsque je croise une femme qui est tombée dans la rue alors que j’ai bien envie de lui tendre la main pour l’aider à se relever. Je suis confus de m’en empêcher et voudrais donc savoir quelle est la position de la Halakha à ce sujet. 

 Réponse

Tout d’abord, je vous félicite de respecter scrupuleusement la Halakha. Concernant les cas que vous décrivez, si vous n’avez aucune autre possibilité, vous pouvez vous montrer moins strict et prêter assistance sans toucher directement la personne, à savoir lui laisser tenir votre vêtement. Veuillez lire attentivement la réponse détaillée ci-dessous afin d’approfondir le sujet et connaître les détails et les conditions supplémentaires concernant cette autorisation. 

Réponse détaillée

Malgré les différends opposant les Richonim (les décisionaires de l’époque médiévale) relativement à ce problème, la Halakha stipule que tout contact physique avec une femme autre que son épouse (en période de pureté) est interdit par la Torah. Mais les décisionnaires se sont demandé si cette interdiction décrétée par la Torah s’applique uniquement à des contacts physiques affectueux ou même à des contacts qui ne le sont pas. Et la majorité des A’haronim (derniers décisionnaires) sont tombés d’accord sur le fait que l’interdiction de contacts physiques dénués d’affection n’est pas d’ordre toranique (Déoraïta), mais seulement d’ordre rabbinique (Dérabbanan). 

Par conséquent, et pour des raisons supplémentaires, la plupart des A’haronim sont d’avis de prohiber strictement le fait de serrer la main d’une femme, même si l’on lui tend la main par politesse et par respect. Et ceux qui craignent la parole de D.ieu ne chercheront pas à tout prix une quelconque approbation dans ce domaine. Qu’ils soient heureux ces Juifs qui affrontent de telles épreuves et tiennent ferme afin de sanctifier le Nom d’Hachem et qui se fient à D.ieu pour que leur gagne-pain et leur honneur n’en subissent aucun préjudice. Tous ceux qui sont témoins de leur engagement à observer les principes de la Halakha ne pourront que les respecter. 

Inutile de signaler que, en cas de nécessité de sauver une vie, celui qui s’abstient de toucher une femme est traité par le Talmud d’homme : « pieux et imbécile ». En effet, il ne s’agit aucunement de commettre un péché, mais d’accomplir une grande Mitsva, celle, par exemple de pratiquer une réanimation en faisant même du bouche-à-bouche, de secourir une noyée ou d’exécuter la manœuvre de « Heimlich » sur une femme même si cette méthode implique de la toucher. 

Mais parfois, il y a des cas où il faut toucher une femme, même si elle n’est pas en danger, par exemple, celui d’un homme qui voit une femme tomber dans la rue et qui, par politesse, lui tend la main pour l’aider à se relever. Dans la mesure où elle est capable de se lever toute seule, il ne lui est absolument pas permis de l’aider à se mettre debout. Cependant, si elle a besoin d’aide pour se lever, que personne d’autre ne vient lui prêter assistance et qu’il est certain de ne concevoir aucune pensée coupable, il lui portera secours de manière indirecte : par exemple, il lui tendra le bras recouvert de son habit et elle s’y appuiera pour se lever. Mais si la seule possibilité de l’aider est au moyen d’un contact direct, il pourra se montrer moins strict à condition d’avoir l’intention de le faire pour l’amour du Ciel. 

En ce qui concerne la vieille dame demandant assistance, le même principe s’appliquant à la malvoyante, il vaut mieux, si c’est possible, trouver une femme qui l’aiderait à traverser la rue. Mais si vous ne pouvez pas vous y soustraire, faites la traverser en lui faisant tenir une partie de votre vêtement. Et si ce n’est pas envisageable, il y a certains décisionnaires qui font preuve de rigueur et qui enjoignent d’ignorer sa demande et d’autres décisionnaires qui se montrent moins stricts, surtout s’il s’agit d’une voie très fréquentée. En effet, si l’on ne lui portait pas secours, elle risquerait de se mettre en danger.  

Références : Choul’han Aroukh, Even haEzer, chap.20, &1, Yoré Déa, chap.195, paragraphe 17 et dans le Chakh, ibid., paragraphe 10 ; Taharat Habait, 1ère partie, pages 38 et suivantes ; Responsa Ber Moché, 4ème partie, chap.118 ; Responsa Az Nédabrou, 14ème partie, chap.51 ; Oum Ani ’Homa, ’Hochen Michpat, chap.387, Ot 1.

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