La Paracha de Béha'alotékha débute avec la Mitsva confiée à Aharon d’allumer chaque jour la Ménora du Temple. Nos Sages nous disent que cette Mitsva lui a été confiée comme un témoignage de l’affection que l’Eternel lui porte, il s’agissait d’un grand honneur puisqu’elle devait être accomplie quotidiennement.

La Torah nous précise qu’Aharon a effectué l’allumage des bougies conformément à ce que D.ieu lui avait prescrit, et Rachi de nous préciser le commentaire suivant : « Ainsi fit Aharon Il s’agit d’un éloge pour Aharon qui n’a rien changé [à l’ordre reçu] (Sifri). »

Comme l’observe Rav Meir de Premishlan (rapporté par R. A. Twerski, Living each week), il est étonnant que Rachi stipule qu’Aharon a effectué la Mitsva conformément à ce que D.ieu lui avait dit. Pouvait-on s’attendre à une autre attitude de la part du très vertueux et pieux Aharon Hacohen ? Aurait-il pu dévier de ce que l’Eternel lui avait prescrit ?

Cette précision nous rappelle l’extrême humilité de Aharon qui était capable d’assumer les responsabilités les plus élevées tout en restant d’une très grande simplicité, et d’une grande proximité avec le peuple.

Nos Sages nous rapportent ainsi de nombreuses illustrations de l’attitude vertueuse de Aharon. Ce dernier déployait ainsi une énergie et des efforts considérables pour permettre à la paix de régner au sein du peuple, et dans les foyers. Il rendait visite aux personnes en difficultés, à ceux qui se disputaient et ils les convainquaient d’apaiser leurs querelles et de restaurer la concorde.

De même, nos maîtres nous disent qu’il n’hésitait pas à rendre visite à chacun, y compris à ceux dont le comportement était « limite ». Ces derniers étaient tellement remués par l’honneur que leur faisait Aaron qui s’asseyait à côté d’eux, s’intéressait à leur bien-être, leur parlait d’égal à égal, comme à un ami, sans leur faire de leçons de morale, qu’ils se disaient « Aaron doit croire que je suis très vertueux. S’il savait comment je comporte et les fautes que je commets, il serait très déçu. Je ne peux pas continuer comme ça, il faut que je me reprenne ». L’honneur et la sollicitude que leur témoignaient Aharon leur donnaient une image positive d’eux-mêmes et les obligeaient à donner le meilleur d’eux-mêmes.

Lorsque Rachi nous précise que « Aharon n’a rien changé », cela signifie non seulement qu’il a accompli fidèlement les ordres de l’Eternel, mais qu’en outre, les honneurs et le prestige de son statut n’ont rien changé à sa proximité avec le peuple et l’affection qu’il leur témoignait.

Or, bien souvent, lorsqu’un homme est distingué, lorsqu’il est appelé à occuper des responsabilités de premier plan, il devient difficile d’accès pour ses semblables, il ne se préoccupe plus personnellement du bien-être des individus, mais, dans le meilleur des cas, il s’acquitte de quelques encouragements pour la forme, et délègue l’essentiel des efforts à un « collaborateur ». Aharon, fut-il l’un des personnages les plus éminents du peuple, se préoccupait de chacun. Les honneurs n’altéraient en rien son humilité.

C’est là l’apanage des grands de notre peuple, ils se caractérisent précisément par une empathie naturelle avec les hommes et une capacité à s’intéresser authentiquement aux besoins de chacun. Cette qualité de cœur et d’âme explique probablement la grandeur qu’ils ont pu atteindre dans l’étude de la Torah.

Deux histoires vont nous permettre d’illustrer ce point.

Un grand donateur américain a été interrogé un jour sur la motivation de sa philanthropie. D’où lui venait un tel désir d’aider les Yéchivot ? Il répondit que lui-même avait souhaité, enfant, intégrer une Yéchiva, celle du 'Hafets 'Haïm. Mais, il n’y avait pas été admis. Ce jour-là, il fut fort dépité, il s’assit dans la cour, abattu, attendant de l’heure de partir à la gare dans la soirée.

Soudain, le 'Hafets 'Haïm arriva et s’aperçut de sa triste mine. Il s’enquerra de savoir ce qui peinait ce jeune homme, et il lui expliqua qu’il venait d’être refusé dans la Yéchiva. Aussitôt, le 'Hafets 'Haïm le réconforta, il lui conseilla de renforcer son étude et de se présenter à nouveau dans quelques mois, et il l’invita à pas repartir de suite, il était tard, mais à passer la nuit chez lui. Il lui offrit un repas, lui prêta un lit, une couverture, et veilla sur ce jeune homme toute la nuit, lui remontant la couverture quand elle glissait.

Et, notre homme d’affaires de confier des dizaines d’années plus tard : cette image du 'Hafets 'Haïm, le Gadol (Grand) de la génération, veillant sur le bien-être d’un enfant ne m’a jamais quitté. Ce souvenir me donne une énergie non seulement dans l’étude de la Torah et la pratique des Mitsvot, mais aussi pour soutenir les institutions de Torah.

Un autre grand Maître de la Torah, le Rav Chlomo Zalman Auerbach, avait l’habitude de prendre le même chauffeur pour se rendre à la Yeshiva depuis son domicile. Ce dernier témoigne que le Rav était d’une très grande ponctualité et qu’il se confondait en excuses s’il avait le moindre retard. En outre, durant le trajet, il s’intéressait au bien-être du chauffeur, de sa famille avec une grande empathie. « C’est la première fois que l’on s’intéressait tellement à moi, à ma vie, mes besoins ! » confia le chauffeur. Cette affection a tant ému son interlocuteur que cela l’a fait réfléchir sur la vie, et l’a conduit à une Téchouva complète.

Comme nous le voyons, c’est une même vertu d’humilité et de sollicitude envers son prochain qui anime les grands de la Torah. Un exemple magistral nous est donné à travers la figure du Grand Prêtre Aharon dont la sainteté n’a d’égal que son humilité et son amour du prochain.

Puissions-nous, avec l’aide d’Hachem, nous inspirer de ces exemples afin de nous renforcer dans ces belles qualités d’âme !