La Haftara du premier jour de Souccot est issue des derniers versets du livre de Zékharia (Zacharie). Ce texte évoque les temps qui précèdent l’avènement de l’ère messianique, et notamment les derniers combats menés par les représentants des 70 nations du monde (« Gog Oumagog ») contre Jérusalem.

Outre la thématique de la rédemption finale qui correspond à la fête de Souccot, le choix de cette Haftara tient probablement également au rappel du caractère obligatoire de cette fête pour l’ensemble des nations du monde. Celles-ci devront venir à Jérusalem apporter des offrandes à Hachem. Il s’agit donc d’une fête mondiale de reconnaissance de la toute-puissance de D.ieu.

Rappelons qu’à l’époque du Temple, les nations du monde étaient également invitées à se rendre à Jérusalem pour apporter des offrandes à Hachem. C’est ainsi que 70 taureaux était sacrifiés au Temple à Souccot en signe d’expiation des fautes commises par les 70 nations, et en signe de remerciement pour les pluies favorables qui permettent la vie sur Terre.

Nos Sages nous disent ainsi que si les nations du monde avaient mesuré la protection que leur apportait le Temple, elles l’auraient défendu et protégé ardemment au lieu de le détruire !

A travers cette Haftara, nous rappelons que le terme de l’histoire humaine doit coïncider avec la reconnaissance par l’ensemble des nations de la royauté et de la toute-puissance de D.ieu. La fête de Souccot vient précisément nous rappeler cette vérité fondamentale en nous invitant à résider durant sept jours dans une résidence fragile et précaire. Loin du confort illusoire que nous apportent les biens matériels durant l’année, Souccot nous rappelle que la seule protection qui compte est celle offerte par Hachem. Ceux parmi les nations du monde qui refusent de le reconnaître pervertissent ainsi l’ordre de la Création et la marche de l’histoire.

Puissions-nous avoir le mérite de voir rapidement arriver ce jour mentionné par le prophète où « Hachem sera Un et Son Nom sera Un » reconnu par l’ensemble de l’humanité.

Haftara du deuxième jour de Souccot

La Haftara lue le deuxième jour de Souccot est issue du premier livre des Rois. Elle nous décrit les cérémonies d’inauguration du premier Temple à l’époque de Salomon. Le choix de cette Haftara nous est expliqué simplement par Rachi dans le traité Méguila (31a), car « l’inauguration du Temple a eu lieu lors de la fête de Souccot ».

Lorsque les Bné Israël étaient dans le désert, des nuées protectrices miraculeuses (« Anané Kavod ») entouraient le peuple et leur servaient de protection contre les différents dangers qui pouvaient le menacer. Ces nuées prenaient la forme de cabanes, de Souccot précisément.

Le Temple dont la Haftara nous décrit l’inauguration avait vocation également à apporter une protection divine au peuple d’Israël et à l’ensemble des nations. Et de même que les nuées protégèrent le peuple dans le désert, de même qu’elles entourèrent le « Ohel Moed » (Tente d’assignation), de même elles apparurent dans le Temple : « Et la nuée emplit la Maison de l’Eternel » (Rois 8, 10).

La fête de Souccot vient précisément nous rappeler cette protection fondamentale de D.ieu qui entoure le peuple juif et qui l’accompagne tout au long de l’histoire. Même si les conditions de vie matérielles ne sont plus celles qui prévalurent dans le désert, il n’en demeure pas moins que notre vie dépend exclusivement de la bienveillance divine et de la protection qu’Il nous accorde.

Haftara de Chabbath ‘Hol ‘Hamoed Souccot

Cette Haftara est issue de livre d’Ezéchiel et nous permet d’approfondir les notions étudiées lors du premier jour de la fête autour de la bataille ultime qui sera menée par Hachem contre « Gog Oumagog ». Selon Maïmonide, cette guerre se tiendra juste avant l’avènement de l’ère messianique. Auparavant, un prophète identifié à Eliahou aura contribué à ramener les cœurs de l’ensemble des Bné Israël à Hachem.

Nos Sages nous donnent plusieurs explications sur la signification de Gog Oumagog. Ce terme représente les nations opposées à Israël et qui refusent de reconnaître Hachem. A ce titre, elles incarnent les résistances sur Terre à l’avènement du Machia’h. Nos Maîtres nous font remarquer ainsi que la valeur numérique de Gog Oumagog correspond précisément à 70, à l’image du nombre des nations du monde à l’exception d’Israël.

La fête de Souccot, comme nous l’avons vu, était censée leur permettre d’exprimer leur reconnaissance à Hachem en amenant des sacrifices au Temple. Mais la guerre de Gog Oumagog se caractérise précisément par leur refus de reconnaître une quelconque dette vis-à-vis de l’Eternel. Les nations proclameront au contraire leur indépendance, leur refus de se soumettre à une autorité autre que la leur. Elles sont ainsi les héritières des peuples qui bâtirent la tour de Babel et qui, ivres de leur supposé pouvoir, pensèrent pouvoir défier D.ieu.

Le Rav Chimchon Raphaël Hirsh nous fait remarquer que le mot Gog est proche du terme « Gag », qui désigne le toit d’une maison. Tout se passe finalement comme si Gog et son idéologie (« Magog ») voulait se convaincre que le seul toit sous lequel ils acceptent de s’abriter est celui de leur force, de leur pouvoir, indépendamment de la protection divine. Le peuple juif, en tant que représentant de la fidélité à Hachem, a une « force » qui dépasse radicalement l’homme, et à ce titre, elle est un obstacle à l’avènement de l’idéologie de Gog et doit être combattue.

C’est précisément dans cette reconnaissance de la toute-puissance de D.ieu, de la limite de l’homme, et de sa nécessaire soumission à Hachem que se jouent les clés de la rédemption finale. L’ultime bataille de l’humanité se jouera précisément autour de cet enjeu.

Or, la fête de Souccot est précisément le témoignage vivant de cette confiance du peuple d’Israël dans la protection de D.ieu et la proclamation de la vanité des protections humaines. Nous comprenons donc à quel point cette fête est insupportable aux yeux des tenants de l’idéologie de Gog Oumagog…

A cet égard, le modeste feuillage qui nous tient lieu de toit durant les sept jours de la fête de Souccot est l’arme la plus efficace contre les ennemis du peuple d’Israël, et le plus beau témoignage de notre reconnaissance envers D.ieu !

‘Hag Saméa’h !