Découvrez la course-poursuite palpitante de Sophie en quête de son héritage, au cœur d'une enquête qui lui fera découvrir la beauté du judaïsme. Suspens, humour et sentiments... à suivre chaque mercredi !

Dans l’épisode précédent  : Sophie a découvert que la fausse journaliste, Ingrid Florange, était la destinataire de la lettre de sa tante, autrement dit, celle qui l’avait trahie. Pour retrouver sa trace, Sophie se rend au CVIS qui oeuvre à retrouver et restituer les biens spoliés aux juifs. Elle fait la connaissance de Sarah Silberman, qui lui apprend qu’Ingrid Florange s'est sauvée en Israël.  

L’information était trop énorme pour qu’elle puisse être réelle ! Sarah Silberman venait d’apprendre à Sophie, que la fausse journaliste, Ingrid Florange, qui avait disparu du jour au lendemain, avait été aperçue en Israël. 

-”Vous êtes sûre de ce que vous dites ?

- Evidemment, vous vous doutez que nous avons vérifié nos informations plusieurs fois avant de vous contacter.

- Et comment pouvez-vous savoir qu’elle se trouvait en Israël au début des années 80 ? A cette époque internet n’existait pas et, même si je ne mets pas votre parole en doute, il était difficile de suivre les gens à la trace, sinon ma tante ne serait pas restée avec cette vieille lettre, sans savoir où l’envoyer, pendant des dizaines d’années.

- Vous avez raison, mais depuis, internet et d’autres logiciels existent. Ca nous permet de regrouper quantité d’informations. Êtes-vous intéressée à entendre ce qu’on a trouvé ou vous continuez à douter ?

- Je suis désolée Sarah ! C’est juste que je m’attendais à tout, sauf à entendre que cette femme s’était rendue en Israël. Bien-sûr j’imagine qu’elle n’a jamais cherché à contacter ma tante Ida, cette soit-disante amie ?

- Je ne pense pas, sinon vous auriez eu d’autres informations en main. Sophie, vous vous souvenez qu’au moment de l’achat du tableau, le galeriste M. Dorville vous a expliqué qu’Ingrid Florange s’était portée garante pour votre tante, qu’elle s’était engagée à payer le montant du tableau, en cas de défaut de paiement ?

- Oui je me souviens bien.

- Est-ce que vous vous souvenez qu’en plus de sa signature, Ingrid Florange avait dû noter son numéro de passeport français ? 

- Euh...là je ne suis plus très sûre.

- Alors je vous confirme que oui. Et bien figurez-vous qu’en septembre 1984, elle s’est rendue dans une galerie d’art de Jérusalem où elle a acheté un tableau. Nous n’avons pas réussi à identifier s’il s’agissait d’un tableau de votre grand-père ou un autre, mais nous avons retrouvé dans nos données le numéro de passeport de cette femme. Mais ce n’est pas tout.

- Que voulez-vous dire Sarah ? 

- Si nous avons pu rapidement identifier le numéro de passeport...c’est que celui-ci a été signalé comme étant faux.

- Quoi ?

- Je sais, ça fait beaucoup d’informations étonnantes d’un coup. Mais Sophie, il faut comprendre qu’à la lumière de ces découvertes, je me dois de vous prévenir : il ne s’agit pas d’un simple vol de tableaux. C’est plus grave que ça.

- Que voulez-vous dire ?

- Pendant la Shoah, beaucoup de biens ont été volés aux juifs. Des maisons, du mobilier, des biens de valeurs dont des tableaux. La plupart de ces nazis étaient des minables, avides de pouvoir tirer profit de leurs victimes. Cependant pour d’autres, c’était carrément devenu un business profitable, un système de vols de trafic de grande envergure, qui a continué pendant des années, bien après la fin de la guerre. Ce qui a permis à certains, de devenir millionnaires et à d’autres de s’enfuir à l’étranger, sans pouvoir répondre de leurs actes barbares devant la justice.

- Sarah, vous m’effrayez un peu. Qu’est-ce qui vous fait croire que c’est le cas ici ?

- Disons que c’est l’expérience qui me fait parler, le fait que cette femme puisse à la fois se faire passer pour une journaliste, berner tout le monde autour d’elle, puis s’enfuir sans laisser de trace et traverser la frontière avec un faux passeport...tout cela montre combien elle était professionnelle et sûrement pas seule dans le coup.

- Vous avez raison. Quel choc ! Je fais quoi maintenant ?

- Sophie, ici s’arrête mon travail. Vous pouvez décider de continuer votre enquête et bien sûr, si je le peux, je vous aiderais. Vous pouvez aussi décider de laisser tomber et de revenir à une vie plus calme. Si j’étais vous, je choisirais cette option. On ne sait pas qui se cache derrière tout ça et si vous êtes de taille à vous y confronter.”

Nouvelle nuit entrecoupée d’insomnies. Tôt le matin, pendant que la machine à café se réveille, Sophie contemple la rue au-dehors depuis la fenêtre de la cuisine. Déjà des parents pressent le pas, accompagnés de leurs enfants, d’autres promènent leurs chiens, encore endormis… la journée commence. Sophie se souvient avoir assisté à la même scène, le jour-même où elle avait appris la mort de sa tante. Elle avait l’impression que c’était il y a une éternité, alors que moins de 3 mois s’étaient écoulés. Elle se frotta les tempes. Et dire que la dernière fois, elle enviait secrètement les passants dans la rue, en se disant que sa journée serait “ennuyeuse, comme les précédentes, et comme les prochaines”.

“Très bonne leçon, Hachem, merci ! Dorénavant, je ne me plaindrai plus du manque d’action dans ma vie !”

Sophie devait faire un choix et ça ne s’annonçait pas simple. Devait-elle continuer, et potentiellement prendre des risques ou renoncer, sans jamais espérer trouver d’autres héritages de sa famille ? Seule face à ce dilemme et dépassée par la tournure des évènements, elle eut une idée un peu folle. Elle se détourna de la fenêtre et dit : “Tu sais quoi Hachem ? Moi je suis incapable de prendre une décision là tout de suite. Alors, est-ce que Tu pourrais m’aider ? Je ne sais pas comment, mais si Tu pouvais “gérer” ce dossier, ça me soulagerait grandement !”.

Après cet étrange "prière", Sophie décida de se préparer pour aller au travail, c’était sa dernière journée, avant la pause annuelle de la mi-août. L’association fermait pour 15 jours et il y avait pas mal de travail à accomplir pour préparer la rentrée. 

Après le travail, elle fit une longue balade pour rentrer, par cette chaleur, l’idée de prendre le métro moite et étouffant ne la tentait pas et elle se mis à réfléchir à cette histoire de tableaux. Elle devait se décider et vite, parce que si elle faisait le choix de continuer l’enquête, elle ne pourrait pas s’absenter plus que les 15 jours de vacances. D’un autre côté, est-ce que tout cela était raisonnable ? Elle était mère d’une adolescente et n’avait pas le profil d’une détective privée. Pfff, elle était de retour au même point, elle entendait son cerveau tourner comme une machine à laver sur mode “essorage”.

De retour chez elle, elle appela la Rabbanite Margalite, c’était le jour de leur coup de téléphone hebdomadaire. Pour une fois, elle se garda de lui confier ses récentes découvertes, elle sentait qu’elle devait se décider seule. Elles se mirent à discuter de tout et de rien, puis la Rabbanite raconta à Sophie : “sais-tu que de temps en temps, mon mari se rend dans le nord d’Israël pour rencontrer un grand Mékoubal - c’est le statut qu’on donne aux hommes qui étudient la Kabbale et dévoilent ses secrets - et cette fois-ci, j’ai dit à mon mari de demander une bénédiction pour ta fille ainsi que des suggestions de noms hébraïques pour toi.

- Rabbanite, je suis très touchée que vous ayiez pensé à moi ! Est-ce que le Mékoubal a suggéré des noms ?

- En fait, il n’en a donné qu’un.

- Ah, d’accord, ça laisse peu de marge pour choisir. Lequel ?

- Déborah.

- Déborah ? Je n’y avais jamais pensé. C’est joli, mais l’autre jour je regardais dans le livre des prénoms hébraïques et ça signifie “abeille” en hébreu. Je ne suis pas sûre de vouloir être une abeille !

- Mais c’est bien plus que ça ! La Rabbanite Margalite riait de bon coeur en écoutant Sophie. Elle continua :  Déborah était non seulement une prophétesse, c’est-à-dire qu’Hachem lui parlait directement, mais en plus, elle était juge. Elle rendait la justice au pied d’un palmier. Elle était écoutée et respectée. C’est un très noble et très bon prénom.

- Déborah la justicière, répéta Sophie songeuse…

- Par contre, mon mari m’a dit de te répéter les mots du Mékoubal, quand il a suggéré ce nom. Il a dit : “elle a demandé, elle a reçu”. Quelques fois, c’est trop haut pour qu’on comprenne, mais je te transmets au cas où.

- Oh mon D.ieu ! 

- Qu’y a-t’il Sophie ?

- J’ai compris le message du Mékoubal. Rabbanite Margalite : dès demain je prends mon billet pour Jérusalem !”

La suite la semaine prochaine...