Logo Torah-Box

À propos de la surdité

Rédigé le Mercredi 17 Septembre 2025
La question de Anonyme

Bonjour Rav,

Mon frère est atteint de surdité profonde et je me pose beaucoup de questions à ce sujet.

- Une personne sourde est-elle exemptée (entièrement ou partiellement) des 613 Mitsvot de la Torah ?

- Une personne sourde est-elle plus Kadoch et a-t-elle potentiellement une mission particulière (de réparation par exemple) ?

- Comment doit prier une personne sourde étant donné qu’elle ne sait pas lire ? Mon frère comprend pas mal de mots en français.

- Est ce qu’il doit mettre ses Téfilines d’une manière particulière où est-ce qu’il est exempté ?

- Son Zivoug est-elle forcément une personne sourde dans l’idéal ?

- Quelles sont les choses qu’il y a à savoir dans le but de lui donner un bon équilibre de vie et de le guider dans sa vie de Juif ?

Merci Rav.

La réponse de Rav Avraham GARCIA
Rav Avraham GARCIA
8691 réponses
Chalom Ouvrakha,

À l’époque de la Michna et du Talmud, le 'Hérech (personne sourde et non-orale, incapable de communiquer) était considéré comme non-astreint aux Mitsvot [Roch Hachana chapitre 3 Michna 8 et autres].

Mais aujourd’hui, grâce aux moyens éducatifs (langue des signes, lecture labiale, communication), les décisionnaires modernes affirment qu’une personne sourde est pleinement tenue aux Mitsvot [voir Choul’han Aroukh ‘Hochen Michpat 235, 17 et 19 ; Michna Beroura 124, 47 ; Michné Halakhot, tome 6, siman 15 ; et autres nombreux Poskim rapportés dans le Piské Téchouvot 55, note 106].

Votre frère est donc astreint aux Mitsvot comme tout Juif. Non seulement il pourra, mais il devra mettre les Téfilines [Michna Beroura 37 Séif Katan 12].

Il pourra même être ministre officiant (Chalia’h Tsibour) [Biour Halakha 55 Séif 8] ou lire la Torah [Yalkout Yossef 141, 9].

Il existe néanmoins certaines restrictions, par exemple pour sonner du Chofar ou lire la Méguila. Puisqu’il n’entend pas sa propre bénédiction ou sa propre lecture, il ne pourra pas acquitter les autres par cette sonnerie ou cette lecture [Choul’han 'Aroukh 589 Séif 2 ; Avné Nezer 439 ; Kovets Chi'ourim tome 2 siman 31 ; Kovets Hé’arot 48 Séif Katan 14 ; Beth Yossef 689, 2].

Concernant le Minyan, il pourra le compléter [Choul’han 'Aroukh 55 Séif 8]. Certains décisionnaires contestent toutefois [Taz 124 Séif Katan 2 ; Ben Ich ‘Haï, Parachat Vaye’hi Séif 6 ; Ich Matslia’h Siman 11 Séif Katan 4-5 ; Piské Techouvot 55].

De même, pour toutes les Mitsvot réalisées avec une bénédiction – comme la Che’hita ou l’Hafrachat ‘Halla –, a priori elles ne doivent pas être effectuées par une personne sourde. Cependant, a posteriori, si l’acte a été correctement accompli, il reste valide [Choul’han 'Aroukh Yoré Déa' 1, 6 ; 'Hokhmat Adam Klal 1, 4].
 
Concernant les épreuves, chacune d'elle est une mission spirituelle. La surdité peut être vécue comme une opportunité de Tikoun (réparation).

Elle ne rend pas la personne automatiquement plus sainte, mais ses efforts, malgré la difficulté, ont une immense valeur devant Hachem.

La prière est avant tout une connexion du cœur [Sanhédrin 106b]. Il peut :
- apprendre quelques phrases simples par cœur (Chéma' Israël, Modé Ani).
- S’associer mentalement à la prière de la communauté.
- Prier dans sa langue (français, langue des signes).

La Halakha reconnaît la valeur d’une prière dans toute langue comprise [Brakhot 3].

Même s’il ne peut pas réciter tout le Chéma', il peut garder la Kavana (intention) et dire quelques mots qu’il comprend.
 
En ce qui concerne le Zivoug, tout dépend de l’âme, et non de l'handicap. Il peut épouser une personne sourde ou entendante. Le principal est l’amour, la compréhension et la construction d’un foyer juif harmonieux.
 
Je ressens le devoir de vous donner quelques petits conseils :
- ne pas le considérer comme diminué, mais comme une personne "entière" ;
- lui donner accès à la Torah et à la Téfila dans une langue qu’il comprend (français, langue des signes, supports adaptés) ;
- valoriser ses qualités et ses forces personnelles ;
- l’encourager à accomplir les Mitsvot à sa mesure ;
- favoriser son inclusion dans la communauté, éviter l’isolement.

Conclusion : Votre frère n’est pas exempté des Mitsvot. Il doit vivre sa vie juive normalement, avec certaines adaptations pratiques. Chaque Mitsva accomplie malgré ses difficultés a une valeur immense. Son rôle est de vivre pleinement comme un Juif, entouré de sa famille et de sa communauté.

Kol Touv.
Michna : Baba Batra (expliquée par Kéhati)

Michna : Baba Batra (expliquée par Kéhati)

Commentaire de Kehati dans un langage simple et clair sur la Michna Baba Batra. 

acheter ce livre

Avez-vous aimé ?
Soyez le premier à commenter cette réponse Rav Avraham GARCIA
Contactez-nous sur WhatsApp